L’HOMME QUI MURMURE À L’OREILLE DES CHEVAUX...

(Belle concentration d'André Francis pendant le passage de son attelage dans le parc communal, lors du cortège du 21 juillet...)

Le 25 avril 2014, Andrée (Dédée…) Chauveheid, éditrice de l’Annonce de Vielsalm, publiait un bel hommage à André Francis, Salmien de toujours et amoureux des chevaux, des chevaux de trait tout particulièrement…

Avec la permission de Dédée, voici son article...

J.G.

" L’HOMME QUI MURMURE À L’OREILLE DES CHEVAUX...

André est né le 18 avril 1934 à Rencheux, village cher à son cœur qu’il n’a jamais quitté.

Dès son plus jeune âge, il fut engagé chez Janssen pour s’occuper des chevaux. A la fin de la chasse à courre, il débarda dans les bois avec, notamment, son complice Pol Guillaume, Le Hourî, mordu de la même passion que lui pour les chevaux de trait. Avec ce dernier, il fut une des chevilles ouvrières du record du monde d’attelages en 1991 à Mont-le-Soie. Quel beau souvenir que cette chaîne de chevaux aux cuivres rutilants, certains ayant même fait le voyage d’Angleterre pour participer à l’événement.  

Dédé a toujours eu des chevaux de selle qu’il chouchoutait affectueusement. 

Il s’occupa ensuite des trois chevaux de Hugo Heeren, au château de Priesmont: Brabançon et Ardennais. André les bichonnent, leur parle, il tient à astiquer lui-même les cuivres et les grelots qui décorent les harnais (ceux-ci sont fabriqués spécialement pour chaque animal).

Lors des cortèges du 21 juillet à Vielsalm, c’est aux commandes de deux d’entre eux qu’il tractait le char de la rue du Vieux Marché. J’ai eu le grand privilège de l’accompagner à la dernière fête des Myrtilles. La façon dont il les dirigeait est admirable. Douceur mais fermeté, il leur parlait dans un jargon incompréhensible pour moi. Jockey et Milou lui obéissaient au doigt et à l’œil. Une attention de tous les instants pour diriger ces puissants animaux qui peuvent être perturbés par des mouvements de foule ou des bruits inhabituels. André me raconta que cela faisait deux ans qu’ils n’avaient plus été attelés. Ils ont tendu leur cou comme si ils avaient été harnachés la veille. 

Il faisait très très chaud et les chevaux suaient. Hugo annonça que des bacs d’eau étaient prévus au milieu du parcours pour les animaux. André déclara: " i n’beûrint nin! Nenni, i n’beûrint nin ! I beûrint qwand qui s’èrint rintrés ". Comme de fait, Milou et Jockey détournèrent la tête à la présentation des seaux d’eau, mais rentrés à l’écurie ils vidèrent leurs bassines. Tout au long du cortège, nous croisions d’autres équipages; il les connaissait tous. Le monde des équidés est une grande famille !

Peu après le 21 juillet, André décida de mettre un terme à sa carrière au château. Ce fut pour lui un déchirement. D’un coin de son jardin à Rencheux, il pouvait voir les trois chevaux dans leur pâture à Priesmont. Malheureusement, par manque de temps, Hugo a dû se séparer de deux de ces superbes bêtes.

Toujours actif, André continue à occuper ses journées:  bricolage, jardinage, promenades... et profite enfin de sa chère tranquillité.

Connaissant sa modestie, j’ose espérer que Dédé ne m’en voudra pas de cette évocation mais j’estimais qu’il méritait bien quelques lignes dans L’Annonce...

Salut baptèm’ !

dedee "

(Pour un hommage à un autre amoureux des chevaux de trait ardennais, je vous renvoie à une chronique que j'avais consacrée à Pol Guillaume... J. G.)