Conseil communal du 26 août 2013 (suite…) : des échanges animés sur les travaux de voirie au zoning de Burtonville !

Voici la suite de mon compte-rendu publié dans l'Annonce de Vielsalm. Le point de l'ordre du jour concernant l'aménagement des voiries de la zone d'activité économique de Burtonville suscitera un nouveau débat sur la politique d'industrialisation de la filière bois qui s'y est développée. l'aménagement du carrefour de la Baraque de Fraiture fera également l'objet de débats.

Parc d’activité économique de Burtonville : travaux d’amélioration de l’accessibilité et de requalification

Ce n’est pas la première fois que ce dossier est évoqué en séance du Conseil communal. Comme l’indique le bourgmestre Élie Deblire, le Collège doit émettre un avis sur la demande de permis d’urbanisme introduite par Idelux.

Il précise que l’enquête publique est en cours (au moment où ce compte rendu paraît, l’enquête publique est clôturée depuis le 2 septembre 2013).

Le Conseil communal est également amené à émettre un avis sur la demande de permis d’urbanisme car elle porte notamment sur des travaux qui concernent des voiries communales.

La part communale dans les travaux est évaluée à un montant largement inférieur au montant initialement prévu de 385.711 euros TVA  comprise.

Christophe Bleret demande au bourgmestre si des remarques ont déjà été recueillies dans le cadre de l’enquête publique.

Élie Deblire lui répond par la négative : « Pourquoi y aurait-il des remarques ? Il s’agit d’améliorer les voiries et de placer des filets d’eau et de l’éclairage public. »

François Rion : « Je vais encore vous casser les pieds. Il s’agit donc d’une intervention communale pour soutenir l’économie.
Mettre des points lumineux au zoning me fait un peu sourire. On est déjà dans une zone fameusement éclairée. En pleine nuit, il y fait clair comme en plein jour !

Un soutien à l’économie ? C’est le job du secteur public mais pas pour soutenir n’importe quelle économie !

Lors des débats organisés pendant la foire de Libramont, le président de la fédération des scieurs a apporté de l’eau à mon moulin en trouvant indécent d’utiliser des bois de valeur pour en faire des pellets.

Soutenir ce type d’économie, c’est continuer à s’engouffrer dans l’erreur.

Monsieur Blerot du SP Wallonie a pour sa part trouvé que la capacité de nos scieries était beaucoup trop importante. On persiste donc dans l’erreur en continuant à soutenir une telle économie !

Quant à l’emploi, parlons-en ! On scie deux fois plus avec beaucoup moins dans d’emplois ! Le volume forestier diminue alors que pendant deux siècles, il a augmenté. . Le volume global de l’emploi diminue aussi. Cette voie-là n’est assurément pas la bonne.

On donne du confort aux entreprises du zoning dans le même temps où il y a un permis d’urbanisme demandé par  IBV et pour lequel l’enquête publique est en cours. Or, les travaux ont déjà commencé et seront même bientôt terminés.

Cette entreprise ne respecte pas la plus élémentaire des lois.

Faut-il encore soutenir de telles pratiques ? Lors d’un précédent débat, j’avais utilisé une formule comparant la Commune à une république bananière. Je l’ai regrettée à l’époque. Je la maintiens aujourd’hui. Dans quelles communes peut-on se permettre de commencer des travaux de cette ampleur en se foutant des lois et des citoyens ? Ce fait est gravissime !

C’est extraordinaire : d’un côté, la Commune participe financièrement pour soutenir les entreprises et de l’autre, elles le rendent au public en se moquant des gens ! »

Face à cette sortie musclée du conseiller Ecolo, Élie Deblire ne perd pas encore son calme : « lorsqu’IBV a introduit la demande de permis de bâtir pour les silos, il était déjà prévu de construire des silos complémentaires. Une bonne partie des travaux en cours concerne ces nouveaux silos.

D’autres travaux ne débuteront que quand le permis sera accordé. Je rappelle qu’il y a aussi l’urgence des travaux de sécurisation des voiries, qui amélioreront aussi la sécurité des travailleurs.

Quant à l’aspect bois-énergie, on ne doit accepter que les projets au départ d’activités intégrées sur un seul site qui permettent l’utilisation de déchets de bois résultant des activités sur le site.

Je suis sensible à la diminution du volume de production forestière. Il faut essayer d’arrêter les projets qui ne portent que sur le bois-énergie. »

Le bourgmestre poursuit son intervention en rappelant que la Commune a également introduit une demande de subsides wallons dans le cadre du programme « Ureba » pour utiliser du bois-énergie sur le site de la caserne.

Il poursuit : « Il ne faut évidemment utiliser que le bois qui est gaspillé en forêt. Je rappelle que les pellets sont une source d’énergie bon marché utilisée par de nombreux ménages. Il faut donc y être attentif.

Quant à la production forestière, elle doit davantage porter sur les résineux. Auparavant, la Région wallonne estimait que pour un ha de résineux, il fallait un ha de feuillus. Elle fait aujourd’hui marche arrière. On a été trop loin. Les feuillus ne rapportent pas. »

Jacques Gennen : « Le débat d’aujourd’hui a déjà eu lieu. Je comprends la préoccupation de François Rion.

Lorsque j’étais député wallon, j’ai participé activement aux travaux relatifs au nouveau code forestier et, à l’époque, lors d’une conférence de presse, j’avais déjà dénoncé l’utilisation du bois noble dans le cadre de la filière bois-énergie.

On est allé trop loin. De plus, changer radicalement de politique pour produire plus de résineux, ce n’est pas pour demain.

Je partage évidemment l’avis du bourgmestre sur ce sujet. La vigilance s’impose plus que jamais ! »

François Rion : « Je me sens assez à l’aise. D’accord pour modifier la politique de plantation concernant les résineux mais cela fait 17 ans que l’on dit notre inquiétude par rapport aux entreprises de la taille d’IBV. Élie Deblire a parlé de bois gaspillé. En Province de Luxembourg, il n’y en a jamais eu ! »

Élie Deblire : « J’en vois tous les jours… »

François Rion : « Des peanuts ! C’est dix mètres cubes  ici ou là, alors qu’on parle de 240.000 m³ de production de pellets ! »

Élie Deblire : « J’évoquais ce bois gaspillé pour alimenter une chaufferie ! »

François Rion s’adresse au bourgmestre: « Nous sommes les champions du monde de la productivité forestière mais on manque de résineux par rapport aux entreprises énormes qui existent maintenant. Les limites de la transformation en pellets sont faciles à calculer ! »

Élie Deblire : « lors des débats à Libramont, Monsieur Blérot de la Région wallonne a également dit que l’on ne maîtrisait pas la capacité de la forêt privée en particulier et qu’il pouvait y avoir des marges. »

Le débat sur ce point se termine par un échange de vues plutôt vif entre Elie Deblire et François Rion.

François Rion à Élie Deblire: « Il est grave qu’on ne réfléchisse pas davantage à l’impact d’une politique économique comme celle du zoning. Je vais m’arrêter là sauf si tu me réponds et que ta réponse m’enflamme encore ! »

Élie Deblire : « Je ne te répondrai pas car tu n’apportes rien au débat ! »

François Rion s’insurge contre de tels propos.

Élie Deblire : « Ta position en minorité peut aussi te permettre d’être constructif ! Tu n’es de nouveau pas dans ce processus. C’est vrai que tu es suivi par une partie de la population qui s’inquiète.

Mais je m’interroge. A-t-on tout faux ? Je ne le pense pas quand je vois ce que cette politique de développement économique et de création d’emplois apporte à nos concitoyens. Même à Burtonville, à deux pas du zoning, il y a de nouveaux habitants qui s’installent.

Tu dois avoir un raisonnement constructif pour les années qui viennent. Fermer Sunparks, fermer le zoning de Burtonville, ne plus construire de logements au centre de Vielsalm, ça ne va pas ! »

François Rion : « J’écoute ton sermon, ta musique. Je peux rester ouvert à certaines choses mais je t’interdis de dire que je suis destructif. Au contraire, je suis le plus présent possible dans certaines structures comme la CLDR et l’ADL où j’amène des choses positives. Je ne supporte pas que l’on me démolisse ! »

Élie Deblire : « Je limite mes propos aux trois dossiers que j’ai cités et je reconnais que tu peux être constructif pour d’autres sujets. Je regrette si je t’ai blessé. »

On en reste là dans cette partie de ping-pong et on passe au vote. C’est à l’unanimité sauf le vote négatif de François Rion, que le Conseil communal rend un avis favorable sur la demande de permis d’urbanisme introduite par Idelux.

Aménagement d’un carrefour giratoire à la Baraque de Fraiture

Elie Deblire rappelle que le projet d’aménagement d'un carrefour giratoire à la Baraque de Fraiture a été dressé par le Service Public de Wallonie, direction des routes du Luxembourg. Une part des travaux doit être prise en charge par la Commune qui a inscrit un crédit de dépenses d’un montant de 300.000 euros au service extraordinaire du budget 2013.

La Commune prendra en charge les trottoirs, des clôtures, des plantations, du petit mobilier ainsi que des éléments décoratifs et d’affichage.

Élie Deblire : « Une dépense communale de 250.000 euros pourrait suffire. Le projet permettra de mieux mettre en valeur le site et le mémorial.

L’objectif est aussi de faire de ce carrefour une  porte d’entrée de la Haute Ardenne et d’orienter également les touristes vers la piste de ski.

La Province de Luxembourg et son député provincial au tourisme René Collin ont estimé qu’il s’agissait d’un dossier d’intérêt provincial concernant plusieurs communes. Ils ont bien soutenu la Commune dans ses démarches. »

François Rion, non sans sourire : « Aucun problème en ce qui me concerne d’autant plus que le projet est devenu plus raisonnable. Mais sur le dessin, le canon est déplacé et dirigé vers Manhay, ce qui va crisper les historiens ! »

(Le canon 105 mm Howitzer qui symbolise l'héroïque défense des hommes du major Parker contre la 2e Division Panzer SS « Das Reich » sera-t-il toujours orienté dans la bonne direction à l'issue des travaux d'aménagement du carrefour?)

Raymond Lemaire : « L’aménagement du carrefour de la Baraque de Fraiture me tient à cœur non seulement comme ancien responsable des ponts et chaussées mais également comme ancien échevin des travaux.

Si l’intervention communale n’est pas plus élevée, c’est parce que de nombreux travaux ont été effectués dans le courant des années 90 et au début des années 2000 comme l’égouttage du site de la Baraque de Fraiture et du village de Fraiture ainsi que la réalisation d’un collecteur et de la station d’épuration. Les conduites d’eau ont été renouvelées et le réseau électrique dans les zones boisées a été enfoui. »

Raymond Lemaire poursuit son intervention en insistant sur la mise en valeur du monument et du canon mis en place lorsqu’il était échevin.

Il évoque les démarches accomplies par les collèges qui se sont succédé depuis 15 ans pour obtenir un tel aménagement et rappelle qu’en 2004 – 2005, une cellule de travail avait été créée et que la solution du double rond-point avait déjà été retenue à l’époque par un bureau d’études.

L’ancien échevin des travaux termine son intervention en insistant sur la nécessité d’ajouter un passage piéton de service permettant aux gestionnaires de l’hôtel et du restaurant situés de part et d’autre du carrefour de pouvoir se déplacer de l’un à l’autre en toute sécurité.

C’est une préoccupation que partage Françoise Caprasse qui se dit également satisfaite de l’avancement de ce dossier.

Élie Deblire se dit d’accord avec la suggestion de Raymond Lemaire concernant le passage piéton de service, sous réserve de l’accord du SP Wallonie.

Il confirme, en réponse à une question de Françoise Caprasse, que les travaux débuteront au printemps.

Jacques Gennen se réjouit également de la réalisation de ce carrefour : « En avril 2007 déjà, à la suite de mon intervention comme député et d’autres interventions, le Gouvernement wallon avait pris une décision retenant comme prioritaire en raison des problèmes de sécurité routière, l’aménagement du carrefour de la Baraque de Fraiture et de trois autres carrefours ! »

(Patience et longueur de temps…)

Christophe Bleret demande si la configuration retenue tient également compte de la nécessité de permettre le passage de convois exceptionnels.

Élie Deblire : « Ce sera le cas dans l’axe Samrée – Manhay. Le carrefour est conçu pour permettre le passage de convois exceptionnels moyennant le démontage de certains éléments, ce qui se produira deux ou trois fois par an. »

Au vote, c’est l’unanimité pour approuver le marché public de travaux conjoint avec le Service Public de Wallonie, le cahier spécial des charges et le montant présumé de l’intervention communale.

Jacques Gennen