A propos de la carrière de la Ronce

Les habitants du village de Provedroux sont particulièrement inquiets devant le projet de réouverture de la carrière de la Ronce.

Agnès Malevez, au nom du comité des riverains, a fait parvenir aux membres de la Commission Communale d’Aménagement du Territoire et de la Mobilité (qui se réunira le 5 septembre) un courrier rappelant les motifs d’inquiétude des habitants.

Je les rappelle brièvement : la présence de la conduite de gaz de Fluxys à moins de 200 m de la zone d’utilisation des explosifs, l’augmentation du charroi (voir ci-après, les données fournies par le candidat exploitant), les nuisances provoquées par la poussière, les atteintes aux activités agricoles et touristiques, les nuisances provoquées par le bruit des tirs d’explosifs et de l’ensemble de l’exploitation, les atteintes portées à l’environnement et à la biodiversité d’une petite vallée reconnue comme zone d’intérêt environnemental majeur.

La procédure de délivrance du permis unique prévoit notamment une enquête publique. Le Collège des bourgmestre et échevins (le Collège communal) doit remettre un avis qui sera transmis au Fonctionnaire technique de la Région wallonne pour décision, laquelle est bien entendu susceptible de recours.

A propos de la réunion d’information et de l’évaluation des incidences…

Le dossier déposé à l’Hôtel de Ville comporte notamment une notice d’évaluation des incidences du projet et ses annexes.

Une étude d’incidences n’est pas obligatoire dans ce cas-ci. Elle peut cependant être imposée par l’autorité qui délivre le permis, ce qui serait, me semble-t-il, un minimum pour un tel projet et au vu des inquiétudes exprimées par bon nombre d’habitants.

Des inquiétudes qui ont déjà pu être exprimées lors d’une réunion d’information organisée récemment. A ce propos, je lis dans l’Avenir du 24 août 2011 que le bourgmestre avait « imposé » une réunion d’information.

Même quand elle n’est pas prévue par la réglementation, une telle réunion va de soi dans un dossier de cette importance.

L’utilisation du verbe « imposer » m’interpelle. Qui pouvait être contre cette réunion ? Pas les échevins qui n’en ont pas été informés ni les habitants… Le candidat exploitant n’y était-il donc pas favorable ? Bizarre…

J’ai lu également dans l’Avenir les propos du bourgmestre : « Je vais me rendre sur un autre site exploité par la société qui demande la réouverture. Là, j'assisterai à un tir d'explosifs et je compte rencontrer des riverains et les autorités communales locales ».

Une telle démarche est louable si cela peut lui permettre de se forger une opinion personnelle et d’être plus attentif encore aux préoccupations de la population.

Il reste que dans un dossier comme celui-ci, la création de quelques emplois ne peut être un motif suffisant pour emporter la décision. C’est une étude d’incidences en bonne et due forme qui peut sans doute nous apporter le meilleur éclairage possible… 

Quant au charroi…

Si l’on s’en tient au seul charroi engendré par l’exploitation de la carrière, il n’est pas particulièrement important (même si un minimum de 25 camions par journée d'exploitation est annoncé...).

Il y a surtout que ce charroi, comme le souligne Agnès Malevez, va s’ajouter au charroi qui traverse déjà notre Commune dans tous les sens.

Et que d’autres projets industriels pourraient engendrer un charroi supplémentaire bien plus important encore...

Ainsi, le développement de zones d'activité économique sur le territoire de la Commune de Gouvy (Courtil et base OTAN) avec la création notamment d'un pôle « bois » que d’aucuns ont qualifié de pôle le plus important de la Grande Région, va également engendrer un charroi lourd supplémentaire.

Il est vrai qu'il a également été question de créer une nouvelle liaison ferroviaire entre le parc d'activités « bois » et la gare de Gouvy et de réaliser une route de contournement sur le territoire de la commune de Gouvy.

J'ignore où en sont ces projets aujourd'hui, s'ils disposeront des financements voulus et quels en seront les délais de réalisation.

Bien entendu, il ne s'agit pas pour moi, de contester des investissements créateurs d'emplois industriels (j'ai soutenu l'implantation d'IBV et de Spanolux tout en me battant pour une meilleure protection de l’environnement et de la qualité de vie des habitants des villages voisins).

Au vu de ce qui précède, l'incidence d'une augmentation du charroi ne peut être négligée et il serait bien utile de disposer à cet égard, d'une évaluation globale et prospective (si tant est que c’est possible) de la situation.

J. Gennen, 28 août 2011

Vous trouverez ci-après des éléments d’information sur le dossier et des citations de textes exprimant la position du candidat exploitant.

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La carrière était en activité  jusque fin des années 80.

Le projet vise à la remise en exploitation d'une partie de la zone d'extraction pour la fabrication de granulats et de pierres de construction.

(Une vue partielle du site de l'ancienne carrière...)

La demande de permis unique et les annexes fournies par le candidat exploitant donnent une série d'informations relativement aux effets du projet d'exploitation sur l'environnement (charroi, vibrations dues aux tirs, effets potentiels du projet sur l'homme, la faune, la flore, le sol, le climat, le paysage, les biens matériels et le patrimoine culturel) et aux solutions et aménagements mis en œuvre par l’exploitant.

Les emplois créés

« Le personnel de la carrière devrait se composer comme suit :
- pendant les périodes d'extraction et de production de granulats : quatre à cinq ouvriers,
- en dehors des périodes d'extraction : trois ouvriers.
Un employé administratif à mi-temps pourrait éventuellement être engagé en fonction du développement de la carrière. »

La production et le charroi

La production est estimée à 140.000 tonnes par an. Compte tenu de l'importance du gisement, la durée de vie de la carrière devrait être de l'ordre de 18 ans.

Le charroi est estimé à 25 transports journaliers sur la base de camions ayant une capacité de chargement de 27 tonnes et d'une activité de plus ou -210 jours par an, sans compter les entrepreneurs locaux et agriculteurs qui pourraient venir s'approvisionner à la carrière.

Ce charroi utilisera un chemin existant reliant directement la carrière à la nationale N68 à hauteur de la centrale électrique de Cierreux.

A propos de la biodiversité

On peut encore lire ce qui suit dans le dossier de demande : « Le voisinage avec un site Natura 2000, la reconnaissance de la carrière comme site de grand intérêt biologique, la présence de plusieurs espèces animales et végétales protégées par la loi sur la conservation des espèces animales et le souhait de l'exploitant de réaliser une évaluation biologique du site nous ont amenés à faire réaliser une étude environnementale.

Le Dr Ir Olivier Guillitte de l'Université de Liège a été sollicité pour cette tâche et son rapport se trouve à l'annexe 14. Les nombreux conseils qu'il a prodigués nous ont aidés dans la réalisation du projet. »

(La nature peut surmonter certaines agressions mais ce n'est pas toujours le cas... Photo prise à l'entrée du chemin conduisant à l'ancienne carrière)

Autres aspects du projet

Il est également question dans la demande, du dépôt et de la mise en oeuvre des explosifs, de l'organisation des tirs, des conditions d'utilisation et de rejet des eaux, de la situation du site en fin d'exploitation et des conditions de remise en état.

« La remise en état  du site dépendra en partie de son affectation après l'exploitation du gisement. Il n'est par ailleurs pas exclu que l'exploitant envisage de demander un nouveau permis unique sur la suite de la zone d'extraction qui se prolonge vers l'Ouest. »

En tout état de cause, la fosse d’exploitation deviendra un nouveau lac d'une superficie de 1,45 ha légèrement supérieure à celle du lac actuel (1, 25 ha).

« La présence de deux lacs proches et d'un espace dégagé suggère
- soit de consacrer l'endroit pour une réserve d'eau si cette ressource révélée déficitaire dans la région,
- soit d'en faire un site récréatif basé sur la plongée la pêche.

Dans tous les cas l'exploitant souhaite d'une part aider la nature à reprendre ses droits en favorisant la biodiversité et d'autre part sécuriser le site le plus naturellement possible. »

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(L'étang alimenté par la Ronce en aval de la carrière, à proximité de la centrale électrique de Cierreux...)