Victor Hugo, la Belgique et les droits de l’homme

(Le pont Madeleine et, au loin, les ruines du château des comtes de Salm. Dessin de Victor Hugo lors de son passage à Salmchâteau...)

« Sur les traces de Victor Hugo en Belgique », c’est le titre du dernier ouvrage de Jean-Michel Bodelet dont il a présenté la teneur à un public manifestement sous le charme d’une causerie érudite et bien agréable.

On connaît Victor Hugo par ses chefs-d’œuvre, son humanisme et la grandeur d’âme dont il a fait preuve tant de fois, ses combats pour les États-Unis d’Europe, la liberté et la justice, ses combats contre l’esclavage et la peine de mort…

Bien sûr, il avait aussi son ego, ses préférences et ses caprices. Sur sa table de chevet ou sur son bureau, pouvaient se côtoyer une oeuvre en cours d'écriture et un carnet où il notait ses menues dépenses de la journée ou sa déception de ne pas avoir été reconnu à tel ou tel endroit !

Ce sont les multiples facettes de ce grand écrivain visionnaire et monument de la mémoire universelle, que Jean-Michel Bodelet nous a rappelées en nous faisant parcourir la Belgique avec lui, au cœur de la question sociale et de la révolution industrielle.

Une personnalité dont les pensées, les faits et gestes doivent aussi être appréciés dans le contexte de l’époque, a souligné Jean-Michel Bodelet, comme il l’avait déjà fait il y a quelques mois, lors de sa conférence sur la collaboration dans notre région.

Nul doute qu’aujourd’hui, Victor Hugo prendrait fait et cause pour les réfugiés qui fuient la mort, la torture et la misère.

Le conférencier n’a pas manqué d'évoquer la réaction de Victor Hugo devant le refus de la Belgique d'accueillir des Communards de Paris, victimes de terribles représailles, tentant de se réfugier chez nous en 1871. 

Voici un petit rappel des faits. Devant cet afflux de Communards, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, le catholique Jules d’Anethan, intervient à la tribune de la Chambre des représentants pour confirmer le refus de recevoir « ces gens qui méritent à peine le nom d’hommes et qui devraient être mis au banc de toutes les nations civilisées. Ce ne sont pas des réfugiés politiques ; nous ne devons pas les considérer comme tels. Ce sont des hommes que le crime a souillés et que le châtiment doit atteindre.»

Victor Hugo, tout en approuvant le principe de la Commune de Paris, prend ses distances avec les Communards et leurs violences. Mais pour lui, « ces vaincus sont des hommes politiques » et, face au refus du gouvernement belge, il l'interpelle tout en écrivant ceci : « Il a tort de refuser l’asile. La loi lui permet ce refus, le droit le lui défend. (…) L’asile est un vieux droit. C’est le droit sacré des malheureux. Au Moyen Âge, l’Église accordait l’asile même aux parricides. » Et d’ajouter qu’il est prêt à accueillir ces vaincus dans la maison qu’il occupe à Bruxelles. 

C’en est trop pour le gouvernement belge qui décidera de l’expulser sans délai.

(Une partie de l'assistance lors de la conférence de Jean-Michel Bodelet)

Ainsi, Jean-Michel Bodelet ne nous donne pas seulement une leçon d’histoire, mais aussi des pistes pour une réflexion sur le monde comme il va aujourd’hui…

Laissez-moi terminer par un coup de cœur, celui que j’ai toujours eu pour le beau poème dédié par Victor Hugo à sa fille Léopoldine (« Demain, dès l’aube… »)!

Jacques Gennen, 5 octobre 2015

(Marie-Claude Noël, responsable de la bibliothèque publique de Vielsalm présentant l'auteur et son livre, « Sur les traces de Victor Hugo en Belgique », paru aux éditions Renaissance du Livre)