Conseil communal du 4 juillet 2019 (suite)

Jérôme Derochette et Jacques Gennen

25 ans de comptes rendus ! 

(Il y a 25 ans, je publiais mon premier compte rendu des séances du conseil communal de Vielsalm dans l'Annonce de Vielsalm. Depuis quelques mois, nous travaillons en tandem, Jérôme, nouveau conseiller communal, et moi. Une bonne collaboration ! Vous pouvez retrouver les comptes rendus (depuis 2011) sur salm.be. J.G.)

Voici la suite du compte rendu publié dans le numéro 27 de l’Annonce de Vielsalm du 19 juillet 2019. 

Motion dénonçant le projet de traité commercial de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur défavorable au monde agricole et aux consomateurs européens notamment

Le Mercosur est le marché commun à plusieurs pays de l’Amérique du Sud (dont l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela).

(Ne croyez pas que c'est toujours facile de rédiger et taper un compte rendu de séance du conseil communal!)

Ce projet a fait l’objet d’un accord entre les représentants de l’Union européenne et ceux des États américains concernés.

Il doit encore être soumis au Conseil de l’Union européenne, ensuite au Parlement européen et enfin aux parlements des États membres de l’Union européenne.

C’est le groupe Écolo, par le biais de François Rion, qui introduit cette motion.  

Le conseiller écolo : « Elle est inspirée de la motion présentée au conseil provincial et se veut plutôt adressée aux présidents de partis car ce sont eux qui négocient actuellement pour former les futurs gouvernements. Il faut donc les sensibiliser.  

Trois axes sont principalement abordés dans le texte. Tout d’abord, l’environnement. C’est essentiel, surtout au Brésil où l’actuel dirigeant ravage la forêt amazonienne. Ensuite, les traitements apportés au bétail et aux cultures qui ne correspondent pas à nos attentes, de même que le respect de l’animal. Enfin, l’impact apocalyptique sur la production locale de viande.

C’est catastrophique. Et que dire de l’indécence vis-à-vis des mouvements des jeunes qui se bougent et qui manifestent ? » 

Dans les faits, cette motion affirme :  

- que le projet d’accord-cadre entre l’UE et les États du Mercosur constitue une grave menace pour notre agriculture et en particulier notre secteur bovin ;

- que cet accord ne garantit pas l’emploi dans les secteurs industriels concernés ;

- que cet accord progresse totalement à l’encontre de tous les mouvements citoyens ou politiques qui s’engagent résolument dans la prise en charge du problème climatique. 

Elle demande aux futurs gouvernements wallon, bruxellois et fédéral de ne pas valider cet accord et aux parlementaires européens de le rejeter. 

Le bourgmestre : « C’est une démarche positive. Il est vrai que certains se posent parfois la question de l’utilité de ces motions. Personnellement, j’y crois : ça ouvre le débat. Un bémol toutefois concernant les jeunes. Certains adultes les ont soutenus. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac.

Je suis en tout cas favorable au fait d’envoyer cette motion aux présidents de partis, mais aussi aux représentants européens. »  

Jacques Gennen intervient : « Le groupe Comm’Vous est entièrement d’accord et marque son accord sur le contenu de cette motion. C’est une bonne initiative. » 

Il évoque ensuite l’opinion de Pierre Defraigne, ancien directeur général à la Commission européenne, publiée dans La Libre Belgique du 3 juillet 2019. Un point de vue fort critique à l’égard d’une libéralisation du commerce international qui va notamment créer davantage d’inégalité entre les États membres de l’Union européenne. 

Pierre Defraigne souligne notamment que « les Européens veulent une réorientation de l’agriculture intensive vers une agriculture plus raisonnée, notamment biologique, avec de surcroît des circuits courts pour éviter des transports et mieux rémunérer les paysans. Des importations significatives du Mercosur venant en plus des concessions faites au Canada compromettraient cet effort de restructuration de l’agriculture européenne. »  

Sans oublier le coût de tels transports en CO2 ! 

« On va droit dans le mur si on continue », conclut Jacques Gennen. 

Élie Deblire : « Et on ne peut pas taxer Pierre Defraigne de gauchiste ! » 

Jacques Gennen : « Effectivement… » 

Philippe Gerardy livre son point de vue : « Je parle en tant qu’échevin, mais aussi en tant qu’agriculteur. Je pense qu’André Boulangé me rejoindra pour dire que nous sommes bien conscients du ressenti du monde agricole qui craint cet accord depuis longtemps, pas seulement pour la viande bovine, mais aussi pour la volaille et le sucre.  

C’est un coup dur pour le secteur et une tromperie pour le consommateur. En effet, 75% des produits phytosanitaires utilisés au Brésil sont interdits en Europe. Il y a en plus une incohérence face au défi climatique. Si cet accord est approuvé, c’est une catastrophe. » 

Roland Englebert s'adresse à François Rion: « Tu parles dans la motion de la viande bovine, mais le problème touche aussi la volaille et le sucre, comme vient de le dire Philippe. Ne les ajouterait-on pas ? » 

L’intéressé opine du chef. 

Au vote, c’est l’approbation pour adopter cette motion moyennant les quelques petites modifications apportées en séance. 

François Rion ajoute : « Une dernière chose… Comme on s’adresse à des gens qu’on connaît, les présidents de partis, ce serait bien de leur faire un appel du pied pour obtenir une réponse. » 

Le bourgmestre confirme que cela sera fait. 

(Un petit air de musique sud-américaine séduit les vaches mais ne suffira pas pour séduire les agriculteurs...)

L’insécurité sur la RN 89 

Dans les points divers, André Boulangé intervient au sujet des problèmes de sécurité sur la RN 89. Il se lance dans un long plaidoyer en faisant référence à un courrier adressé par Mme Godfraind aux membres du conseil communal. 

André Boulangé : « Délibérée lors de chaque réunion préélectorale, la problématique de la sécurité sur la RN 89 est toujours d’actualité, voire redouble de préoccupations. Bien sûr, il faut garantir davantage de sécurité en ralentissant le trafic.

Comme vous le soulignez souvent, Monsieur le bourgmestre, il faut multiplier les moyens préventifs, mais également les moyens répressifs. La zone de police vient de faire l’acquisition de 12 radars fixes dont 3 pour notre commune, mais j’entends dire qu’il y a peut-être du changement.  

La N89 est dans un état très critique, la faute à un trafic de plus en plus intense de poids lourds. La majorité des camions est en infraction, mais le contrôle n’est pas primordial selon certains car il n’y a pas trop d’accidents. 

D’après un policier rencontré, si on ne vérifie pas, on ne voit pas les différents vices cachés. Les conducteurs de produits finis, souvent des étrangers inexpérimentés, sont livrés à eux-mêmes très fréquemment : pas en ordre de contrôle technique, pneus plus qu’usés, ivresse au volant, papiers administratifs incomplets.  

Pour les transports de bois, la zone de police dispose d’une balance et un contrôle par mois est planifié. L’endroit pour la pesée est difficile à trouver car si excès il y a, il faut décharger, mais où ? Généralement, cela prend plus d’une heure pour un contrôle, donc peu de transports sont interceptés. Le pourcentage de dépassement est en général de 20 à 40 %, cela représente une amende de 600 €. C’est en Région wallonne que les amendes sont les moins élevées.  

Un seul bourgmestre a sollicité un contrôle plus soutenu de ces transports. Peser ceux-ci à l’entrée du zoning aiderait les policiers et permettrait un contrôle régulier. Une présence du service de circulation doit être intensifiée et il faut peut-être vérifier en demandant un relevé du mouchard dans notre commune. » 

André Boulangé n’en reste pas là: « La redevance à charge des poids lourds pour l’utilisation des routes est entrée en vigueur le 1er avril 2016 et la gestion est confiée à la Sofico. Le dernier comptage en 2010 relevait 894 camions circulant sur la RN 89 en 24 heures. Pourtant, ce tronçon n’est pas repris par la Sofico car il n’est pas soumis au prélèvement kilométrique des poids lourds dont le taux de base est de 11,30 cents par kilomètre. Cette taxe varie de 7,40 à 20 cents par kilomètre.(La Sofico présente cette redevance comme une application du principe simple de l’utilisateur payeur : « ceux qui fréquentent les autoroutes et les principales nationales de Wallonie paient en fonction des kilomètres parcourus, du poids et du taux de pollution de leur véhicule », NDLR).

Cette contribution permet de poursuivre les investissements destinés à l’entretien et à l’amélioration du réseau routier, elle permet également de mieux responsabiliser les utilisateurs puisqu’elle est basée sur le principe de l’utilisateur payeur. 

Les mathématiques sont une science exacte. Si on calcule une moyenne de 15 cents x 20 kilomètres x 900 camions x 260 jours, on arrive à un total de 702 000 €. Une belle petite somme ! Mais pourquoi ce tronçon n’est-il pas repris par la Sofico ?  

Depuis trois ans, des renseignements sont attendus de votre part. Du côté de la Sofico, réponses évasives de la part de Madame Melen et de Monsieur Degautz. « Demandez à votre bourgmestre » est la réplique des responsables du MET, tant local que provincial. Ils ajoutent : « Notre budget est très limité ! » 

Plusieurs interrogations me viennent : est-ce un oubli, une épargne, une compensation ? 

Monsieur le bourgmestre, où est votre volonté d’être attentif à la qualité de vie de vos citoyens ? 

Le trafic sur cet axe routier ne cesse d’augmenter. Les piétons, les cyclistes, les motocyclistes risquent leur vie; les automobilistes redoutent cette chaussée et les riverains sont inquiets. La lettre de Madame Godfraind est un signal de détresse. Dans leur pelouse, ils ont peur. Ce virage en particulier doit être sécurisé par des barrières ; leur promettre à 90% est une chose, mais du côté du MET cet engagement n’est pas confirmé. Encore une fois, on s’attaque à une conséquence et non à la cause.  

Bien sûr, on ne peut pas déplacer le zoning de Burtonville et il faut tenir compte des facteurs économiques, mais le flux de grands transports qui va encore croître détériore cette route. A tout problème, il y a une solution. Il faut vouloir la trouver.

Cela nécessite un contrôle régulier des poids lourds à l’entrée du zoning, le prélèvement kilométrique pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes pour permettre des travaux de réfection et la réflexion autour d’un plan de mobilité en relançant peut-être l’idée d’un mini-contournement qui permettrait aux camions de partir via Poteau.  

Du côté des riverains, un comité s’organise. Des actions seront menées comme, par exemple, bloquer les transports au niveau de Vielsalm. » 

Élie Deblire : « Je suis certainement le bourgmestre qui intervient le plus souvent auprès du SPW concernant les difficultés sur la RN 89. J’espère qu’ils vous l’ont rappelé. Je leur ai fait suivre le courrier de Madame Godfraind afin d’installer une barrière.  

Madame Brisy a refusé, mais j’ai insisté auprès de Monsieur Trillet, le directeur des routes et autoroutes du SPW Arlon, et j’ai cru recevoir une écoute attentive. Je me bats pour que des travaux soient réalisés sur cet axe, mais, je suis d’accord avec vous, c’est généralement du rafistolage : le SPW n’a pas le budget nécessaire pour tout refaire. 

Je suis également favorable aux contrôles, qui ont déjà lieu, et à l’idée d’en revendiquer davantage. Pas de soucis non plus pour que la RN 89 fasse l’objet de la taxe kilométrique si sa reprise par la Sofico permet de la réhabiliter. Il faut toutefois savoir que ce n’est pas la Sofico elle-même qui gère la taxe kilométrique, mais Viapass, un organisme indépendant.  

Je suis donc sensible à la problématique de la sécurité routière, mais je rappelle que notre pouvoir est limité sur cette route. Par ailleurs, notre zone de police compte 12 communes et, partout, on demande des contrôles en plus. 

Concernant les radars, les nouvelles sont décevantes. Certaines communes les ont refusés, mais il a de toute façon été décidé de financer un seul radar par commune. En ce qui nous concerne, il devrait être placé à Hébronval. J’ai demandé à ce qu’on le place à Regné, compte tenu du fait qu’il me semble que c’est à ce niveau que les réels problèmes se posent, mais ça a été refusé.  

Cela dit, lors du prochain budget, nous pourrions dégager des crédits supplémentaires pour investir nous-mêmes dans radars fixes, qui coûtent en moyenne 80.000 €, mais il faudra de toute façon l’accord du SPW pour les placer sur la RN 89. »  

Thibault Willem poursuit la réflexion : « Je n’ai pas de problème sur les difficultés soulevées, mais le sous-entendu me dérange. On donne l’impression qu’on traîne des quatre fers alors que c’est faux, on fait tout ce qui est possible. Nous allons d’ailleurs adresser un courrier au SPW pour harmoniser la vitesse à 70 km/h sur la RN 89. On attend leur décision : ils sont seuls maîtres à bord. Et quand il y a de petits aménagements que la Commune peut réaliser, elle le fait ! »  

André Boulangé : « L’état critique de la chaussée, c’est ça, le vrai problème. »  

Le bourgmestre : « Oui, mais nous agissons. La réfection du virage près de chez Madame Godfraind n’a même pas été faite correctement. C’est à ma demande qu’on a prolongé la réparation du virage et le marquage.  

C’est le seul virage où on ne voit les petites lumerottes qu’à 50 mètres de distance. J’ai demandé à ce qu’on les relève. Je n’ai pas encore obtenu de réponse positive. Et s’il y a une pétition des habitants de Regné, tant mieux ! » 

André Boulangé : « Je ne doute pas de votre bonne volonté, mais vous devez absolument solliciter la taxe kilométrique. » 

Thibault Willem propose que sur les différents problèmes soulevés, les communes de Vielsalm et de Lierneux entreprennent une démarche solidaire au nom des deux conseils communaux.  

Ce sur quoi les membres du conseil marquent leur accord. 

André Boulangé : « D’accord, mais il faut absolument réparer. » 

Le bourgmestre : « Il n’y a pas les budgets nécessaires, Monsieur Boulangé. Il n’y a que 6 millions d’euros au budget de la Région wallonne pour l’entretien des voiries régionales en Province de Luxembourg. Ce n’est rien du tout ! Mais peut-être que le prochain ministre sera plus attentif à notre situation. » 

François Rion intervient : « Il faut trouver des solutions, mais attention à bien y réfléchir. Un mini-contournement ou la taxe kilométrique ? On peut y penser, mais n’oublions pas qu’il ne faut pas renvoyer la balle chez les voisins. » 

Le bourgmestre : « La taxation n’est pas un problème. Les camions ne perdent pas leur temps à passer par les villages pour éviter de payer une taxe, je vous l’assure. » 

François Rion : « Au sujet des camions, il faut réduire leur vitesse et leur charge, mais aussi limiter le développement de grandes entités de production, il faut au contraire les dispatcher. »  

Élie Deblire : « Nous n’aurons jamais de mini-contournement. Il n’y a déjà pas assez d’argent pour l’entretien des routes comme je l’ai déjà dit ! » 

On en reste là sur la question de la RN 89 qui, sans l’ombre d’un doute, s’invitera encore à la table du conseil communal. 

Les barrières sur le Ravel entre Ville-du-Bois et Petit-Thier 

André Boulangé évoque une autre difficulté : « Encore une remarque émanant des gens de Petit-Thier. Sur le Ravel, des barrières sont régulièrement retirées, ce qui pose un problème de sécurité. » 

Le bourgmestre : « C’est un problème connu et récurrent : nous les remettons régulièrement en place. Dans un premier temps, nous avons fait de la prévention, mais, il y a peu, des PV ont été dressés. »  

Gros problèmes de distribution d’eau à Petit-Thier 

Le bourgmestre profite de la présence d’habitants de Petit-Thier dans l’assemblée pour évoquer un autre problème dont ils sont victimes : « J’ai bien reçu votre pétition au sujet de l’eau. Nous sommes conscients de ce que vous vivez. Se retrouver sans eau un vendredi à 20h et subir des coupures régulières, c’est un réel problème qui nous énerve et qui commence à peser sur nos rapports avec la SWDE. Des actions ont été menées, mais elles n’ont pas été pas performantes. Les résultats sont insuffisants : on va encore taper du poing sur la table. » 

Thibault Willem donne quelques explications : « Ce réservoir n’est pas automatisé. Le niveau n’est pas renvoyé au bureau de la SWDE. Quand il baisse trop, de l’air s’introduit dans la conduite et les pompes ne sont pas assez puissantes. Un coussin d’air se forme alors et fait chuter la pression.

Pour moi, il faut soit automatiser le réservoir pour avoir un niveau en permanence assez élevé soit installer des pompes plus puissantes. J’ai toutefois des doutes sur la capacité du réseau à assumer une pression plus forte. Le service technique de la SWDE doit y réfléchir. Pour le moment, la seule solution est de faire intervenir les pompiers. » 

François Rion : « Reste-t-il seulement de l’eau pour approvisionner ce réservoir ? Au passage, le captage qui alimente Petit-Thier est-il bien différent de celui qui alimente le zoning ? »  

L’échevin des Travaux confirme.  

Les habitants de Petit-Thier présents lors de la séance du conseil communal ont encore interpellé certains membres du conseil à leur sortie de la séance. Ils ont rappelé que les problèmes de distribution d’eau dans leur rue existent depuis plusieurs années et se sont aggravés pendant plusieurs mois fin 2018. Ils sont très mécontents – et il y a de quoi – des réponses fournies par la SWDE et craignent que l’un ou l’autre gros consommateur ne fasse des prélèvements sur la conduite d’alimentation … 

Affaire à suivre ! 

Comité d’accompagnement du zoning

Pour conclure, Stéphanie Heyden rappelle au bourgmestre qu’elle n’a toujours pas reçu le listing des membres du comité d’accompagnement du zoning, demandé quelques mois auparavant en séance du conseil communal.

Le bourgmestre donnera suite à cette demande.

Autres points abordés

- Les comptes des fabriques d’église de Bihain et Regné, approuvés par le conseil, à l’exception du groupe Écolo qui s’abstient. 

- La taxe sur les panneaux publicitaires, approuvée par l’autorité de tutelle.  

- Approbation du PV du dernier conseil communal.