Conseil communal du 26 février 2019 et déclaration de politique communale

(Jérôme Derochette et Jacques Gennen)

Ordre du jour chargé pour la séance du conseil communal de Vielsalm du 26 février 2019 ! Nous commencerons par celui qui a suscité les interventions les plus importantes : la déclaration de politique communale présentée par le collège communal qui trace les grands axes de gestion et les mesures phares pour les six prochaines années.

La déclaration de politique communale

Comme l’indique la déclaration elle-même, « une Déclaration de Politique Communale (DPC) constitue bien évidemment le projet d’une majorité, projet dont elle doit fixer les grands axes. Il ne s’agit pas d’entrer dans le détail des actions concrètes. Celles-ci seront davantage détaillées dans le Programme Stratégique Transversal (PST) qui sera élaboré dans les mois qui viennent. »

Elle précise également : « Nous sommes toutes et tous conscients que nous sommes face à des défis importants au niveau mondial : inégalités et pauvreté croissantes, inégalités Nord/Sud, changements climatiques, perte de la biodiversité, gestion des déchets, perte de confiance vis-à-vis du « monde politique… Au milieu de tous ces défis, notre commune doit rester une commune conviviale, dynamique et solidaire. Ses infrastructures et ses équipements doivent sans cesse être adaptés, à travers un développement qui doit être piloté et maîtrisé, un développement harmonieux et respectueux de l’ensemble du territoire. »

Elle insiste aussi sur le fait que « dans toutes nos actions futures, au centre de nos préoccupations, se retrouvera systématiquement une volonté d’être attentifs aux aspects suivants :

1. la qualité de vie des habitants.

2. La transition énergétique et le développement durable.

3. La préservation de notre environnement ».

En outre, un principe compensatoire instaure l’idée que « si un projet communal ou autre altère notre environnement, ce même projet ou un autre mené en parallèle devra compenser en tout ou en partie, et ce, dans la mesure du possible, l’altération causée ». 

Des mesures sont ensuite abordées dans les domaines suivants : 

- coopération et implication citoyenne,

- protection de l’environnement,

- tissu économique,

- dépenses des ménages,

- réseau de services efficaces,

- sécurité,

- continuité des projets en cours.

Le texte de la déclaration de politique communale a été publié sur le site www.vielsalm.be (vous trouverez le lien au bas de ce compte rendu) et peut aussi être obtenu sur simple demande adressée au secrétariat communal.

Au terme de la lecture de la déclaration et avant d’ouvrir le débat, le bourgmestre précise que l’aspect budgétaire sera développé au travers du Plan Stratégique Transversal présenté dans les prochains mois. Il insiste encore : « Notre volonté d’être attentifs à la qualité de vie des habitants, à la transition énergétique, à la préservation de notre environnement et au développement durable se retrouvera systématiquement au centre de nos préoccupations. »  

L’intervention de François Rion 

François Rion : « Pour les mots, on vous attribue volontiers un 20/10. Tous les mots y sont, notamment ceux du parfait petit écolo. Nous n’en sommes évidemment pas mécontents, mais je rappelle que les mots doivent exprimer des idées. Ce qu’on doit estimer, c’est votre volonté de mise en œuvre et vos priorités. Et là, nous avons quelques doutes. 

Des idées, il y en a évidemment. Mais il y a aussi ces phrases difficiles à ignorer, que vous utilisez, mais en donnant le sentiment que vous les acceptez avec des pieds de plomb. Je pense notamment aux changements climatiques.

Sur le principe de compensation, nous craignons que ce soit la porte ouverte à des dérives. Des zones lourdement polluées risquent de le rester par nécessité. 

Nous, nous serions plus déterminants, par exemple, en développant des zones naturelles quand on modifie d’autres zones pour des activités polluantes. La compensation c’est bien mais dans la manière dont s’est écrit dans votre déclaration, cela veut dire que l’on pourra polluer allègrement certaines zones.

Je voudrais également rappeler qu’en ce qui concerne la Convention des Maires, la réduction de 20% des émissions de CO2, c’est bien pour 2020 et non pas pour 2030. J’espère bien que nous serons à un stade ultérieur à cette date. »

Le conseiller écolo n’en reste pas là : « Je regrette également certaines formules malheureuses. Lorsque vous évoquez le fait que la participation citoyenne est un concept dans l’air du temps, c’est à la fois réducteur et en même temps pas tout à fait exact. Dans les années 80, à Liège, il existait déjà un échevinat de la participation. 

Évidemment, il y a aussi des choses positives, sur lesquelles vous êtes convaincu et moi aussi. Concernant la volonté de renforcer le sentiment de quiétude, nous vous sommes reconnaissants de cette formule qui s’oppose à certaines politiques nauséabondes jouant sur l’insécurité. On sait aussi à quel point votre engagement contre la xénophobie ou encore l’homophobie est réel et on vous en félicite.

Du reste, en ce qui concerne la politique, qu’elle soit globale ou environnementale, on a toujours considéré que le Collège, et plus globalement le parti auquel il appartient, s’inscrivait dans un programme de suiveurs et c’est ce qu’on vous reproche : nous ne sentons pas la volonté politique de prendre les choses à bras le corps. »

L’intervention de Jérôme Derochette

Jérôme Derochette : « Il y a évidemment, dans cette déclaration de politique communale, une série de points intéressants avec lesquels on ne peut que tomber d’accord. Mais il y a aussi une série de griefs. En voici un tour d’horizon. 

Parmi les trois axes que vous avez retenus pour gérer la politique communale, il est notamment question de la qualité de vie des habitants. C’est évidemment une noble intention, mais je voudrais tout de même rappeler que, contrairement à ce qui a souvent été dit au cours des derniers mois, pour de nombreux Salmiens, Vielsalm n’est plus toujours une commune où il fait tout à fait bon vivre.  

N’oublions pas les habitants qui, de la Baraque de Fraiture à Petit-Thier, sont impactés par le trafic économique. 

N’oublions pas non plus les riverains du zoning qui subissent à la fois des nuisances environnementales et sonores.  

Et ne perdons pas de vue que le vivre-ensemble, qui est cher à chacun d’entre nous, s’effrite parfois. Ne prenons que l’exemple des dégradations récurrentes à travers la commune ou de la mode récente des véhicules très bruyants qui perturbent précisément la quiétude.

C’est un enjeu majeur, les attentes sont conséquentes et elles appellent des mesures concrètes. » 

Jérôme Derochette poursuit son intervention en évoquant le principe de compensation en cas d’altération d’un environnement par un projet communal ou autre : « Un mot également sur le principe de compensation. Si le second projet garantissait de neutraliser totalement et assurément les nuisances du premier projet, nous pourrions discuter de la méthode. Mais ce n’est pas exactement ce que prévoit votre texte puisque, je vous cite, le second projet "devra compenser en tout ou en partie, et ce, dans la mesure du possible, l’altération causée." 

Dans les faits, tout comme François Rion, je crains que ce système mène à des dérives.

Par ailleurs, vous avez à cœur de mener une politique saine, en bon père de famille. Mais un bon père de famille, sur cette question, devrait plutôt considérer qu’un projet qui cause des nuisances ne peut pas être validé, mais doit, au contraire, être repensé. »

À propos de la sécurité routière et de la présence policière sur le terrain, Jérôme Derochette enchaîne : « Je voudrais aussi évoquer la sécurité. C’est un sujet qui est revenu massivement sur la table lors des échanges avec les Salmiens dans les villages. Il y a clairement de bonnes mesures à cet égard, mais il y a aussi de grands absents. Pas un mot, par exemple, sur les camions, qui sont pourtant au cœur des discussions autour de la sécurité, tant par leur vitesse parfois excessive que par leurs chargements qui, quelquefois, posent des questions.

Pas de réelles mesures non plus vis-à-vis de la vitesse excessive dans les villages et notamment aux abords des écoles alors que, là aussi, c’est un sujet qui a souvent été mis en évidence durant la campagne.

Je souhaite en outre souligner l’affaiblissement de la présence et de la disponibilité de notre police. Comprenez-moi bien, je ne jette pas la pierre aux policiers qui font ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’ils ont mais bien au système. Il est assez interpellant de constater que la dotation à la zone de police augmente chaque année sans que l’on ait pour autant le sentiment d’une meilleure présence et d’une meilleure disponibilité.

Dans un tout autre registre, dans la section dédiée à la mobilité, je note la mention d’un plan intercommunal. C’est un dossier important et ce d’autant plus que certaines communes voisines, comme Gouvy, ont pris ce problème à bras-le-corps avec, parfois, des effets collatéraux sur notre territoire. Je suis bien placé, au carrefour de Salmchâteau, pour vous en parler, en long et en large. »

Il conclut en regrettant « le manque de mesures nouvelles sur l’enseignement, à l’heure où de nombreuses écoles maternelles et primaires expérimentent de nouvelles approches ».

L’intervention d’André Boulangé

André Boulangé embraie : « Nous devons tout mettre en œuvre pour obtenir chez nous des moyens pour développer une meilleure politique de prévention pour garantir l’accès à tous à une médecine de proximité. C’est pourquoi une maison médicale s’impose le plus rapidement possible. Il faut attirer des jeunes médecins qui veulent travailler ensemble. 

Bien sûr, les médecins salmiens garderont leur cabinet privé, mais ils doivent parrainer les jeunes docteurs. Ils prestent beaucoup d’heures car il ne faut pas oublier le côté administratif, et quand deux ou trois d’entre eux sont en repos, c’est difficile pour les confrères et beaucoup de stress pour les patients. 

Il faut aussi améliorer le système de garde, tant celui de tous les jours que celui du week-end. Appeler le 1733 ou le 112 engendre beaucoup de stress et le 112 risque également d’être surchargé. Vendredi 21 février, à Bastogne, vers 18 h, 30 patients attendaient leur tour. On ne peut pas attendre la construction de nouveaux bâtiments, la maison médicale est un dossier urgent. »

L’intervention de Stéphanie Heyden

Stéphanie Heyden, chef de file pour le groupe « Comm’Vous » réagit également : « Tout d’abord, je voudrais remercier Jérôme pour son intervention. Il apporte un œil vierge puisque c’est sa première législature. 

A titre personnel, je ne suis pas satisfaite par cette déclaration qui manque d’actions concrètes. J’ai eu le sentiment de lire un roman dans lequel il faut attendre la centième page pour que l’intrigue démarre réellement. 

Je me suis donc ennuyée à la lecture de ce document duquel je relève d’ailleurs quelques similitudes avec la déclaration de Maxime Prévot, comme l’organisation en blocs de compétences ou encore les phrases sur la transition écologique. C’est donc une déclaration qui manque d’ambition et d’originalité. »

La réplique du bourgmestre

Le bourgmestre : « Tout d’abord, je rappelle que la déclaration de politique communale n’a pas vocation à entrer dans les détails. Il y a par ailleurs des mesures très concrètes qui sont évoquées. 

Des engagements ont été pris et nous pourrons vérifier leur application au cours des six prochaines années. Je rappelle également que le Programme Stratégique Transversal permettra, dans les prochains mois, de mieux détailler nos actions, notamment d’un point de vue budgétaire.

En ce qui concerne la problématique du climat, de la biodiversité et de l’environnement, l’accent est clairement mis dessus à travers des engagements importants. Le principe de compensation fera évidemment l’objet d’un débat : il ne sera pas systématique. Le facteur environnemental sera pris en considération dans les décisions. Notre idée n’est pas de stopper tout projet, mais d’attirer l’attention, auprès des promoteurs, sur le fait qu’en cas de nuisances, il faut se mettre autour de la table pour trouver des solutions.  

Sur la question du trafic, des mesures sont proposées, mais il ne faut pas oublier qu’elles doivent être concertées avec la zone de police et, dans le cas de la N89, avec la Région. Évidemment, derrière notre déclaration, on peut deviner que des mesures sont prises quant à la sécurité dans les villages. 

Au sujet de la présence policière, nous avons une police de proximité avec des agents de quartier et des permanences régulières en journée. Je peux vous assurer que d’autres communes, encore plus rurales que la nôtre, se plaignent d’un réel manque de présence policière.

Pour l’enseignement, je suis favorable au débat, mais il ne faut pas perdre de vue que les changements doivent se faire en concertation avec les enseignants. 

Enfin, au sujet de la maison médicale, je l’ai déjà dit : des rencontres ont eu lieu et on essaie d’avancer mais il faut une volonté locale, de la part des médecins. C’est une préoccupation essentielle, mais il est clair qu’une maison médicale ne peut pas être mise en œuvre du jour au lendemain. »

Et le bourgmestre de conclure : « Je n’imaginais pas que vous alliez tous applaudir, mais cette déclaration est le fruit d’un travail de groupe qui a abouti à neuf pages intéressantes et qui peuvent naturellement revenir sur la table durant la législature. 

Rendez-vous dans six ans pour faire le bilan. Si certains s’ennuient et relèvent un manque d’ambition, ce n’est pas notre point de vue. Pour nous, elle est à la fois ambitieuse et concrète et porte sur beaucoup d’actions et de réflexions ! » 

François Rion reprend la parole : « Vous mentionnez le soutien aux petites structures, aux agriculteurs et aux produits locaux, c’est bien mais nous, nous l’aurions inscrit dans la rubrique « tissu économique ». Dans votre déclaration, il plane encore la vieille idée que l’économie et l’environnement sont deux réalités dissociées. Ce ne sont pas des adversaires : ces deux réalités s’intègrent mutuellement et cela devrait transparaître dans votre déclaration. »

Le bourgmestre rebondit : « Le commerce local est évidemment au cœur du tissu économique. Il n’y a pas de volonté de l’en soustraire. Des actions ont déjà permis de soutenir le Sous-rire. On peut faire plus, mais comme vous l’avez dit, le monde ne s’est pas fait en un jour. 

Je rappelle qu’il n’est pas question de stopper le développement économique du zoning de Burtonville, gros pourvoyeur d’emplois, mais de mettre tout le monde autour de la table quand des nuisances sont constatées. 

La gestion des nuisances du développement économique, via la réactivation du comité d’accompagnement et l’aménagement d’un parking plus sécurisé pour les poids lourds, se trouve dans notre déclaration de politique communale dans laquelle il est aussi question des mesures de sécurité routière qui seront prises pour ralentir le trafic. Un diagnostic sécurité sera réalisé avant leur mise en œuvre. »

Le débat est clos, place au vote sur la déclaration de politique communale. C’est oui du côté des membres de la majorité, c’est non pour les groupes Écolo et Comm’Vous.   

https://www.vielsalm.be/ma-commune/vie-politique/declaration-de-politique-communale-2018-2024-vielsalm.pdf

Jérôme Derochette et Jacques Gennen