Un débat sur l'informatique comunale et la digitalisation au conseil communal

Jérôme Derochette et Jacques Gennen

(Extrait du compte rendu de la séance du 26 avril 2022 paru dans le N°14 du mensuel les Nouvelles de Salm)

Marché public concernant l'informatique communale

(Un dossier fort technique, certes, mais qui va donner lieu à un débat bien au-delà des aspects techniques)

C’est un marché public important qui est présenté par Thibault Willem. Le collège a décidé de répondre à un appel à projets lancé par la Région wallonne qui a notamment pour but d’améliorer le contact avec les usagers et la transparence administrative, l’inclusion des publics vulnérables, la gouvernance des données, l’infrastructure informatique et l’utilisation des logiciels libres et la connectivité du territoire.

Il s’agit aussi d’augmenter, d’optimiser l’utilisation des logiciels libres et de contribuer au développement numérique « intelligent » du territoire selon le concept « Smart City ».

Il est vrai que le serveur informatique de l’administration communale ayant déjà un certain âge, il doit être remplacé en différentes phases. Il est vrai aussi que la capacité des boîtes mail n’est plus suffisante. 

Thibault Willem précise que le principe est d’avoir trois modules : un module à destination de la Directrice générale et des services administratifs, un module pour les auteurs de projets externes et enfin un module à destination des citoyens, membres de commissions comme la CCATM, la CLDR, le Conseil consultatif des Jeunes, le Conseil consultatif des Aînés. La concrétisation du projet se fera progressivement et porte d’abord sur le premier module.

Le montant total estimé pour ce marché de fournitures s’élève à 72.067 euros TVAC.

François Rion n’est pas vraiment convaincu : « On admet évidemment qu’il ne serait pas prudent de rester à la traîne. Mais on est dubitatif devant cet envahissement de la connectivité et du concept de Smart City, en tout temps et en tous lieux.

Tout le stockage de toutes ces informations digitales consomme plus d’énergie que le transport aérien lui-même ! Il faut se poser la question de l’utilité de cette digitalisation de toute chose et de toute personne. C’est une consommation énergétique colossale. 

On a cru qu’on ferait des économies de papier avec l’informatique, mais cela été tout le contraire. Quand on a perdu un dossier « papier », on le réimprime et donc on augmente l’utilisation du papier. L’informatisation à outrance fait exploser les consommations énergétiques. »

Thibault Willem : « C’est une remarque que l’on peut entendre, mais ici, le matériel est obsolète et la nouvelle installation informatique consommera moins d’énergie que l’installation actuelle. La centralisation des données des dossiers avec un archivage automatique va apporter un plus à la gestion administrative. »

François Rion : « Et on consommera de plus en plus de papier ! C’est comme la voiture, qui consomme la moitié d’il y a 20 ans mais il y a de plus en plus de voitures ! On est à côté du bon chemin. Il ne faut pas focaliser sur ce fantasme qui fait croire que les technologies vont régler les problèmes ! »

Anne Klein : « Personnellement, je pense qu’on ne pourra pas arrêter la marche de la digitalisation et que pour nos services administratifs, cela participe à leur modernisation. Je serai nettement plus frileuse si un jour la digitalisation de l’enseignement s’invite au niveau des décisions à la table du conseil. »  

François Rion : « On doit stocker sur le Cloud et c’est ce stockage extérieur, qu’on ne sait pas diminuer, qui entraîne une consommation énergétique supplémentaire. Même si c’est de l’électricité verte, la consommation augmente sans cesse et cette production verte aurait pu servir à autre chose. »

Thibault Willem : « Il y a une balance à faire entre les bénéfices de l’informatisation et les impacts que cela peut avoir. Dans notre dossier, les bénéfices sont plus importants, c’est aussi une autre manière de communiquer. »

François Rion : « Les faits montrent que l’on consomme beaucoup plus d’énergie qu’auparavant. Alors, on peut pleurnicher sur le dérèglement climatique, mais on augmente sans cesse notre consommation d’énergie ! »

Jacques Gennen : « Je dois bien reconnaître que c’est un dossier qui, grâce à l’intervention de François, nous oblige à prendre de la hauteur. J’en reviens à une vision pragmatique des choses : si ce dossier va renforcer l’efficacité de notre administration communale, il ne faut pas hésiter. »

Pour Stéphanie Heyden, c’est un peu comme le Share Point Smaps des intercommunales, un outil qui renforce notamment le travail en équipe et la transmission de données entre les agents.

Thibault Willem confirme et ajoute : « A condition évidemment que les agents se disciplinent et réduisent le poids des documents et photos transférés. »

La directrice générale Anne Catherine Paquay : « Aujourd’hui, on reçoit de plus en plus de mails. Les auteurs de projets aussi envoient par mail leur dossier. Les agents doivent ensuite les imprimer pour les analyser. Cela représente aussi un coût pour l’administration et du temps. 

Par ailleurs, avec l’archivage papier, si on veut retrouver un dossier d’il y a cinq ans ou plus, pas de problème, c’est classé et rangé. Actuellement avec l’archivage informatique, on constate qu’il y a des documents ou dossiers, s’ils n’ont pas été imprimés, qu’on ne retrouve plus, ni sur les PC ni sur le serveur. »

Élie Deblire estime qu’avec le stockage dans le Cloud, cela n’arrivera plus. Il rappelle que ce dossier répond à un réel besoin d’autant plus que l’installation actuelle est vieillissante. 

Thibault Willem : « Il faut évidemment une formation des agents. Quand l’Intercommunale Vivalia a déposé son dossier Vivalia 2025, celui du nouvel hôpital, ses représentants sont venus avec une remorque pleine de dossiers. Il faut vraiment arrêter cela ! »

Au vote, c’est l’unanimité pour approuver le cahier des charges et le montant estimé du marché. Ce dernier sera passé par procédure négociée sans publication préalable.