À propos des droits des femmes...


Horreur ! N’est-ce pas là l’illustration d’une répartition des rôles assignée par le patriarcat dans notre société, d’un côté, les hommes dominateurs et guerriers et de l’autre des femmes faites de douceur et d’empathie, réduites au métier du soin et du « care » ? Et c’est moi qui ai pris cette photo lorsque j’ai été retrouver à Nieuport une équipe de l’ASBL La Petite Plante (Musson), nouveau lieu de vie de ma fille Sabine …

Pour tout vous dire, j’aime les chevaux et je ne pouvais pas passer à côté de cette création de Nina Beier ("MEN, 2018"). En revoyant cette photo et sa charge symbolique, j’ai voulu en savoir plus sur Nina Beier. Dans une présentation des statues et autres installations qui ornent le littoral, je lis notamment que « Louis XIV estimait qu’un ordre hiérarchique d’hommes à cheval était la manière idéale pour faire montre de sa puissance. Nina Beier zoome sur le flux et le reflux du pouvoir en utilisant le cheval comme effet de renforcement. »

Peu importe le pourquoi de cette création, l’effet symbolique de ma photo est bien réel.

Respect à ces travailleuses (et aux hommes qui sont à leurs côtés) qui, dans le social, la santé et l’aide aux personnes où elles composent la grande majorité des effectifs, travaillent dans des conditions difficiles, prennent des responsabilités importantes dans le soin et l’accompagnement de personnes parfois  lourdement handicapées, avec des rémunérations insuffisantes, qui travaillent aussi dans des institutions remarquables comme La Petite Plante à Musson, insuffisamment subventionnées et aidées par les pouvoirs publics.

Reconnaissons leur de s’être investies dans un métier librement choisi, sans être nécessairement victimes d’une orientation genrée des métiers.

Bien entendu, loin de moi l’idée de nier la réalité d’une telle orientation et de négliger la nécessité pour notre société et notre enseignement en particulier d’en finir avec la place insuffisante occupée par les femmes dans les métiers techniques  et numériques de même que dans les jobs entrepreneuriaux et de management !

 

(Tribune de l'assemblée générale de l'Intercommunale Vivalia, le 4 juin 2012. Cherchez la femme! Bon, les choses ont un peu changé depuis lors comme la présidence confiée à une femme de caractère, Marielle Remy) 

Pour en finir avec le machisme, le sexisme, les stéréotypes, la répartition des rôles familiaux et l’orientation genrée des métiers,  il faut s’y attaquer de manière coordonnée entre les différents niveaux de pouvoir et avec les moyens nécessaires, ce qui n’est pas le cas actuellement. 

À moins que, comme l’expose l’universitaire et féministe américaine Sylvia Frederici, le mal trouve sa source dans « Le patriarcat capitaliste » (titre de son dernier ouvrage) et un marché du travail plus inégalitaire que jamais.

Dans ce cas, ce ne sont pas des réformettes qui vont vraiment traiter le mal. 

À la suite de l’attribution du César de la meilleure réalisation à Roman Polanski (« J’accuse »), certaines réactions comme celle – très forte - de Virginie Despentes dans Libération ont suscité des réactions violentes dans un sens comme dans l’autre.

Comme le souligne l’écrivaine dans son article, « la différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. C’est la seule réponse possible à vos politiques. » 

Rien de nouveau pourtant dans la position très dure de Virginie Despentes  qui concluait « King Kong Théorie » - un beau livre ! - de cette façon : « Le féminisme est une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes, et pour les autres. Une révolution bien en marche. Une vision du monde, un choix. Il ne s’agit pas d’opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l’air. »

Le moins qu’on puisse dire est qu’il y a encore du chemin à parcourir et des obstacles à franchir!

Ci-dessous, quelques liens que je trouve bien intéressants…

Jacques Gennen, 8 mars 2020

(Adèle Haenel et Noémie Merlant. Cédits photo Pyramide)

P.-S. J’aurais préféré voir le prix de la meilleure réalisation attribué à Céline Sciamma pour "Portrait de la jeune fille en feu" (10 nominations aux Césars !) avec Adèle Haenel et Noémie Merlant. À voir ou à revoir !

Quelques liens, si le coeur vous en dit:

https://www.liberation.fr/debats/2020/03/01/cesars-desormais-on-se-leve-et-on-se-barre_1780212 (coup de gueule de Virginie Despentes)

https://www.salmiens.be/a-la-maison-de-la-laicite-du-val-de-salm-haute-ardenne-les-droits-des-femmes-avec-stephanie-heyden-et-francoise-caprasse (lisez et ne ratez pas la petite vidéo!)

https://www.salmiens.be/a-propos-d-une-promenade-automnale-et-d-une-stele-rehabilitant-sorcieres-et-sorciers-a-rahier

https://www.femmesprevoyantes.be/2019/03/25/memorandum-2019-elections-regionales-federales-et-europeennes/