A la MRS La Bouvière de Vielsalm, un peu de soleil, de légèreté et d’espoir…

 

Ça s’est passé le jeudi 28 mai 2020. Il y avait de la légèreté dans l’air, comme un souffle d’espoir et de renouveau malgré le confinement toujours bien présent, épreuve très difficile s’il en est pour les résident.e.s et leurs familles. 

Et cette situation est professionnellement et émotionnellement très dure pour le personnel !

Heureusement, à l'heure actuelle, il n'y a plus aucune personne atteinte du Covid-19 dans l'institution et des assouplissements sont apportés progressivement aux mesures de confinement.

Donc, ce jour-là, s’est déroulée la première animation collective digne de ce nom depuis le début de la crise sanitaire.

 

Quel plaisir pour moi d’accompagner ma fille Anne et son compagnon Jeanju qui avaient souhaité offrir aux résidentes et résidents un petit récital saxo et accordéon!

En réalité, il y a eu deux petits récitals, le premier dans l’espace face à l’entrée et le second sur la terrasse à l’arrière du bâtiment.

Avec, à la clef, une ambiance détendue pour toutes et tous, y compris les membres du personnel présents, et quelques anniversaires à fêter!

Comme l'ont rappelé les deux musiciens, c'est un partage d'énergie et de bonnes ondes qui les a unis à toutes les personnes rencontrées ce jeudi.

Vous trouverez ci-dessous des extraits d'une chronique publiée par Stéphane Laporte, auteur, concepteur, réalisateur et producteur québécois sur le site lapresse.ca, le 18 avril 2020. 

Jacques Gennen, 1er juin 2020 

« Vive les vieux ! (Stéphane Laporte)

Ce ne sont pas les derniers. Ce sont les premiers. Ce sont nos Neil Armstrong. Nos découvreurs. Nos pionniers. Ce que l’on sait, ils nous l’ont appris. Lire, compter, s’intéresser, donner. Ignorer, blesser et prendre, aussi. Selon qui ils étaient sur notre chemin, on peut tout leur devoir ou leur en vouloir pour tout. Ils sont bons ou cons, comme nous. Ou, plutôt, on est cons ou bons, comme eux.

Ce qu’ils sont aujourd’hui, c’est ce que nous serons demain. Les crèmes, la chirurgie esthétique et les filtres Instagram n’y changeront rien. On ne rajeunit pas. On vieillit. Tous autant que nous sommes. Les jeunes, aussi. Le temps d’une virgule, ils sont déjà moins jeunes. On vieillit. Chaque seconde de notre vie. Parce que vieillir, c’est vivre. Et mourir, c’est ne plus vieillir. 

Alors, voulez-vous bien me dire pourquoi, nous qui sommes si remplis de promesses pour l’avenir, sommes si peu préoccupés du sort des aînés ? Ce que nous leur faisons, c’est ce qu’on nous fera. Ce que nous ne leur faisons pas, c’est ce qu’on ne nous fera pas. Si on n’agit pas envers eux par altruisme, agissons, au moins, envers eux par égoïsme. (…)

La société a laissé de côté les personnes âgées. Pas juste depuis le virus. Depuis une éternité. Parce qu’on ne veut pas se voir en eux. La société vit bien dans le déni. La société croit qu’elle a 18 ans et se fait croire qu’elle s’amuse tout le temps.

Le plus dérangeant dans cette histoire, c’est lorsqu’on lit le chiffre des décès, et que ça nous rassure de constater que les victimes sont surtout des gens de 70 ans et plus. Comme si c’était moins grave. Honte à nous. Une vie est une vie. Un être humain n’est pas un char. Il ne perd pas de la valeur avec le temps. (…)

Ce n’est pas juste en disant « ça va bien aller » que ça va bien aller. C’est en se faisant aller. Il faut changer notre rapport avec la vieillesse. Permettre de vieillir dans la dignité. Cesser d’écarter les gens plus âgés. Tout le monde fait partie de la gang. De 0 à 200 ans.

(Gang : mot québécois, nom féminin, synonyme d'une "bande". Ce mot désigne un groupe de personnes)

L’âge n’est pas une défaite. L’âge est un exploit. On peut en être fier. J’ai 40 ans, ça fait 40 ans que je suis là ! J’ai 50 ans, ça fait 50 ans que je suis résistant ! J’ai 60 ans, ça fait 60 ans que je passe au travers. J’ai 70 ans, ça fait 70 ans que j’aime ce monde-là ! (…)

La vie est trop courte. Chaque seconde compte. Autant celles du début que celles de la conclusion. Il y a des débuts interrompus et des conclusions interminables; peu importe où on est rendu dans le livre, c’est la page du présent qui compte le plus. Et le présent appartient aux vivants. À tous les vivants. De toutes les origines, de tous les sexes et de tous les âges.

Il a fallu trop d’horreurs pour éveiller les consciences au racisme, espérons que cette horreur éveillera nos consciences à l’âgisme. (…)

Ça n’existe pas, le bloc des aînés. Ce qui existe c’est ton père, ta mère, le grand-père de ton ami, la grand-mère de la voisine. Bref, des êtres humains.

Vous vous demandez alors pourquoi mon titre « Vive les vieux ! ». Parce que ça rassemble tout le monde. Nous sommes tous des vieux. Quand j’avais 5 ans, mon frère en avait 12, et je le trouvais tellement vieux. On est tous les vieux de quelqu’un, qu’on soit vieux d’un jour ou vieux de douze mille jours.

Assumons-le. Surtout que l’âge ne mesure rien. Parce que ce qui nous identifie en est à l’abri. Ce n’est pas l’âge qui fait qui nous sommes, mais c’est un mot qui lui ressemble. Changez le g pour un m. L’âme. La petite voix en nous. Qui nous fait rire, pleurer, réfléchir et frémir. Invisible et omniprésente. Sans âge. (…) »

Si vous voulez lire l'entiéreté de cette chronique, cliquez ici