A propos de l'accord gouvernemental et du nouveau gouvernement fédéral....

J’ai participé au congrès de la Fédération luxembourgeoise du PS qui a approuvé l’accord gouvernemental.

Lors de précédents congrès auxquels j’ai participé – il y en a eu quelques-uns au cours des décennies qui précèdent – j’ai souvent posé la question autour de moi : le PS doit-il être au gouvernement ? La réponse fusait : sans nous, ce serait pire. Il y a eu de cruelles déceptions.

Mais cette fois-ci, les circonstances imposaient une participation du PS au gouvernement fédéral. Pas à n’importe quel prix, bien entendu, et c’est peu dire que Paul Magnette a bien négocié.

(La députée fédérale Mélissa Hanus présente les grandes lignes de l'accord gouvernemental) 

Bien sûr, les textes ne sont pas toujours précis; certaines mesures sont étalées dans le temps; pour d’autres, leur mise en œuvre sera sans doute négociée au coup par coup; il y a la part belle laissée aux Flamands et au CD&V en particulier… 

Tandis qu’en matière fiscale, les intentions sont là, mais pour le reste… Il y a loin de la coupe aux lèvres et je doute que la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales soit la priorité de ce gouvernement.

Et, pour ce qui est de la pension, pas de retour à l’âge de 65 ans, mais – entre autres mesures - une augmentation progressive de la pension minimale et des pensions calculées sur une carrière plus courte, au fil des prochaines années.

Bref, attendons la suite des événements. Il y a loin de la coupe aux lèvres et la mise en œuvre de cet accord nous réservera sans doute quelques désagréables surprises.

(Pierre-Yves Dermagne devient vice-premier ministre et ministre de l'Economie et de l'Emploi dans le gouvernement fédéral - nul doute qu'il sera attentif notamment à la protection des travailleuses et travailleurs ainsi qu'à la concertation sociale - et cède ses dossiers de ministre des Pouvoirs locaux et du Logement à Christophe Collignon)

Ce qui m’intéresse pour l’instant, ce sont les avancées en matière de santé, de sécurité sociale, de lutte contre la pauvreté et d’égalité. Elles sont encore insuffisantes et ne feront pas oublier les mauvais coups du gouvernement MR-N-VA, mais elles sont au moins inscrites dans l’accord. 

Il y a…

- la norme de croissance des soins de santé de 2,5 %, pour mieux tenir compte des augmentations des besoins de la population et pour réduire le coût des soins ;

- la pérennisation du budget exceptionnel de 1,2 milliard (4,5 % du budget existant pour les soins de santé) octroyé dans le cadre de la crise Corona (600 millions pour une meilleure rémunération et des formations du personnel soignant, 400 millions pour les recrutements et améliorer les conditions de travail du personnel soignant ; 200 millions pour la santé mentale) ;

- la pérennisation de la dotation d'équilibre de la sécurité sociale, le renforcement de la solidarité dans le régime des indépendants, un budget de 2,16 milliards pour des mesures sociales, la réforme du statut d'artiste ; 

-l'augmentation de l'ordre de 8 % du revenu d'intégration sociale ;

- l'augmentation des minima et des forfaits en chômage ;

- l'introduction d'une indemnité minimum pour les malades ;

- un tarif social "électricité" ; 

- le renforcement de la prise en charge des personnes sans-abri selon le principe Housing First ;

- l'augmentation de l'ordre de 8 % de l'allocation de remplacement de revenus pour les personnes en situation de handicap ; la suppression du "prix de l'amour" (suppression de la prise en compte des revenus du conjoint de la personne porteuse de handicap dans le calcul de l'allocation d'intégration);

- etc., etc.

Bon, on verra à l’usage !

J. Gennen, 2 octobre 2020