Contre les éoliennes de Petit-Thier : des remarques pertinentes d'amoureux de la forêt et de la faune forestière !

Association Chasse de Petit-Thier

Francine Duchesne et Benoît Crepin

Petit-Thier, le 23 août 2025. 

Objet : OPPOSITION AU PROJET D'IMPLANTATION DE 5 EOLIENNES DE 230 A 250 METRES SUR LE MASSIF FORESTIER DE MONT-LE-SOIE  

Mesdames et Messieurs les membres du Collège Communal et du conseil communal,

Monsieur le Bourgmestre, 

Je me permets de vous adresser ce courrier personnellement pour vous faire part de notre vive opposition au projet d’implantation d’éoliennes sur le Massif de Mont-le-Soie. 

Quelle ne fut pas notre stupéfaction quand nous avons appris que ce massif avait été choisi pour le peu d’intérêts qu’il représentait, intérêt financier en premier lieu, de rentabilité faible car peuplé essentiellement de plantations de résineux, mais également qu’il constituait une zone pauvre en biodiversité au vu des plantations à faible valeur biologique ce que conteste le Pôle Environnement !

Or, nous constatons une volonté de changement depuis plusieurs années dans la diversification des essences tant sur les bois communaux soumis à la gestion forestière du D.N.F. que sur les parcelles de propriétaires privés soucieux et conscients de la nécessité de cette diversification  essentielle au bon état de maintien de notre Forêt face au changement climatique et aux maladies inhérentes. 

Une zone considérée comme pauvre également au niveau de la grande faune !

Que dire alors des quotas de tirs qui nous sont imposés chaque année concernant les grands cervidés ? Pour la saison génétique 2025-2026, nous avons une obligation de prélever 52 cervidés dont 16 cerfs boisés et 36 biches et faons au minimum, 30 sur les territoires entourant le massif de Mont-le-Soie, zone la plus peuplée du conseil cynégétique ; à cette population, s’ajoute celle se situant dans la cuvette de Recht, jouxtant le parc éolien. 

Depuis bientôt quarante ans, j’ai œuvré au sein du conseil cynégétique pour la réintégration et la gestion des grands cervidés dans notre région, nous voyons cette population en extension constante tout en maintenant, en partenariat avec le D.N.F., une densité de population respectueuse du maintien de l’équilibre « Faune & Forêt ». 

Que l’on cesse de nous dire que les éoliennes n’ont pas d’impact sur leur population, qu’« en Allemagne on voit les cervidés brouter sous les éoliennes »... ils viennent se repaître des céréales puisque les moulins sont implantés dans les immenses plaines céréalières !

Peut-être pourrait-on y voir un élément supplémentaire de compensation en suggérant aux initiateurs du projet de semer des céréales au pied des éoliennes !

Les grands cervidés en particulier ont besoin de quiétude, ils sont attentifs au moindre bruit.

Que l’on cesse également de nous répéter que le bruit d’une éolienne est insignifiant.

Il suffit d’attirer son attention sur la vitesse de rotation de l’extrémité de la pointe d’une pale de la grandeur de celle envisagée dans ce projet pour comprendre le brassage du fluide qui en découle et par conséquent le bruit engendré. 

La question est évidemment bien plus large et ne manque pas d’interpeller dès lors que l’implantation de parcs éoliens ne cesse de se multiplier en zones forestières au prétexte, souvent évoqué, du manque de place qui s’instaure sur notre territoire pour accueillir ces infrastructures et que cela ne dérangerait pas ou dérangeait beaucoup moins en forêt.

Force est de constater que cette même Forêt devient progressivement un fourre-tout et on s’engage sur une voie dangereuse contraire à  la préservation de l’intégrité même de l’espace boisé et de la qualité des nombreux rôles qu’on lui demande déjà de remplir dans un équilibre parfois si difficile à trouver.

Est-il encore besoin de rappeler qu’elle est au point de convergence de fonctions importantes pour notre Société : production de bois et de biomasse, cœur de la biodiversité végétale, support au tourisme vert, refuge pour la vie sauvage, siège d’activités récréatives, composante dynamique et fondamentale du paysage, réservoir d’eau de qualité.

Elle n’est pas destinée à accueillir des infrastructures qui la défigurent.

Les sociétés très actives dans le secteur éolien  ont pris le pouvoir en se servant de leur appât financier (« appât » et non « attrait » financier, il ne s’agit pas d’une erreur !) et de son leurre qu’ils maintiendront jusqu’au démantèlement des moulins ! les communes voyant des rentrées financières importantes leur emboîtent le pas et de ce fait assèchent leur source financière à la R.W. pourvoyeuse de subventions.

Que dire alors des relations contractuelles financièrement très attractives qui se nouent entre sociétés et propriétaires privés !

Non, ce projet ne peut pas voir le jour, ce serait le coup de grâce du Centre Equestre de Mont-le-Soie, notre havre de paix !

Et ce faisant, l’ouverture aux promoteurs immobiliers, les marchands de vacances qui, tels des vautours à l’affût de la moindre parcelle, sont capables de vendre du vent.

Que restera-t-il de notre beau village en pleine renaissance grâce aux jeunes couples qui s’y installent, entre  le charroi de la grande route,  la promenade des éoliennes, le zoning et les centres de vacances, par ailleurs sources de bien de nuisances, sinon de s’étioler et de tomber dans l’abandon et la tristesse d’un village du Morvan. 

Je ne m’attarderai pas sur tous les autres centres d’intérêts, riches en biodiversité, qui risquent de souffrir cruellement voire de disparaître, mais serai attentive à la réponse du président du RSHCB (Royal Saint-Hubert Club de Belgique) à qui j’avais fait part de ma crainte du désastre potentiel qui se dessinait à l’horizon sur le Massif de Mont-le-Soie  me rappelant les négociations au sein du DPR en 2024, lors de la campagne électorale : 

« Le cadre de développement éolien sera révisé afin d’atteindre les objectifs de la législation européenne. Le Gouvernement veillera à sécuriser les procédures administratives tout en  assurant la balance des intérêts avec les intérêts paysagers, les impacts sur la biodiversité, la santé et le respect du cadre de vie des citoyens. Une révision du décret visant à définir des zones d’accélération des énergies renouvelables sera réalisée avec pour objectif notamment d’exclure de ce mécanisme préférentiel les éoliennes en zones forestières et naturelles et le photovoltaïque dans les parcelles agricoles ». (pp. 69-71 DPR 2024-2029 publié par la RW) 

Vielsalm a choisi un terrain communal, ce qui peut se comprendre d’un point de vue financier, mais cela ne change pas fondamentalement les choses dès lors que sa Forêt est impactée.

Sera-t-elle la commune à pouvoir s’enorgueillir d’être la première de Wallonie à posséder en sa Forêt un parc éolien qui culmine tous les autres ?

La première, mais peut-être aussi la seule. (cf art. DPR).

Nous ne sommes pas contre l’éolien même si nous doutons à long terme de sa rentabilité et de son efficacité, mais nous ne pouvons pas comprendre que l’on permette l’implantation en Forêt de véritables « monstres »  de 250 m de haut qui ne s’inscrivent absolument pas dans la structure harmonieuse d’un espace boisé.

Nous vous remercions, Monsieur le Bourgmestre, pour l’attention qu’il vous plaira d’accorder au présent message et nous vous prions de croire à l‘expression de toute notre considération,

(s) Francine Duchesne, Benoît Crepin