Soigner, une vocation? Je suis solidaire du personnel du secteur de la santé...

Tout a déjà été dit ou écrit sur le sort des médecins, du personnel infirmier et de soins, quel que soit leur secteur d’activité.

En ces temps de crise sanitaire qui amplifient le manque d’effectifs dans les institutions et sur le terrain, beaucoup souffrent, sont fatigués, ont peur pour eux-mêmes, leurs proches et leurs patients.

Mais il n'y a pas que le Covid ! N'oublions pas que pendant de longues années, nombre de mandataires publics et de gestionnaires ont porté trop peu d’attention aux besoins en matière de santé et aux attentes légitimes du personnel soignant en termes de respect, de conditions de travail et de rémunération.

(Un très beau vitrail face au grand escalier moderne du bâtiment administratif de la CSD-Liège... S'agit-il de la Vierge consolatrice, d'une infirmière soeur chrétienne de la charité ou tout simplement d'une infirmière? Surprenant ! Allez jusqu'au bout de mon édito pour en savoir plus...)

Je me sens solidaire de personnes que je connais bien (et des autres aussi !) qui travaillent dans un hôpital, dans une MRS, dans une institution pour personnes porteuses d'un handicap ou encore dans le secteur des soins à domicile.

Nous serions bien gênés de reprendre les applaudissements, les coups de klaxon et les chansons des mois de mars et avril tant il est évident que ce personnel attend autre chose, comme de réelles compensations financières dans l'immédiat tandis que certaines institutions attendent un meilleur subventionnement. Ce n'est pas un don de 150.000 euros de la Wallonie à Cap 48 qui y changera grand-chose.

Autre chose ? Oui, par exemple pour le personnel infirmier hospitalier, des engagements précis concernant l'augmentation des normes de personnel, une organisation du travail plus attentive à leur rôle et à la pénibilité de leur travail, de meilleures conditions de travail et de rémunération.

Mais rien ne pourra faire oublier leur vie de ces derniers mois ni celle qui les attend dans les prochains mois, ni le mépris affiché à leur égard par l'ex-ministre de la santé Maggie De Block.

Cette situation est d’autant plus difficile à supporter qu’il s’agit d’un personnel composé surtout de femmes.

Et qu’on ne vienne pas déplorer le manque de « vocations », un terme insupportable, mais qui témoigne bien du lien que certains font entre les métiers du secteur de la santé surtout féminins et les conditions de mère et d’épouse ! Heureusement, les esprits évoluent, mais pas assez !

Vocation ? Le lien est vite fait avec sacrifice et dévotion…

Voici ce qu’en pense un jeune infirmier dont le témoignage a été publié sur le site Espaceinfirmier.fr et que je vous livre tel quel :

« (…) ce côté sacrifice et dévotion, ça plaît. Avouez, c’est charmant, on se sent utile. Un peu ce super-héros (payé proche d’un SMIC), prêt à ne pas compter ses heures et à fermer les yeux sur ses conditions de travail. Le tout sans jamais se plaindre. À travailler le jour, la nuit, durant les fêtes. On sait d’où ça vient. Maintenant, voyons où cela nous mène.

Moi, et je ne suis pas le seul, je trouve tout cela un peu stupide (BIM !). Parce que si infirmier est une vocation, cela veut dire qu’on peut globalement nous imposer tout et n’importe quoi, et je n’aime pas trop ça. Puis c’est une super bonne excuse pour nous payer des cacahuètes. Enfin, nous ne devons pas plus que les autres fermer les yeux, sans nous plaindre parce que’“infirmier, c’est une vocation ».

Infirmier est un métier comme un autre, pas un sacrifice. »

A propos du vitrail de la CSD-Liège...

Je l'ai découvert lors d'une rencontre récente entre la direction de la Centrale de Services à Domicile du Luxembourg (la CSD-Lux) et le dynamique directeur général de la Centrale de Services à Domicile de Liège, Marc De Paoli.

Bien plus de 1000 travailleuses et travailleurs (aides familiales, aides ménagères, personnel infirmier, personnel ouvrier et administratif…) constituent l’effectif de la CSD-Liège.  

Des travailleuses et travailleurs qui, comme à la CSD-Lux (près de 270 !) et dans d’autres services de proximité, n’ont pas la vie facile, coincés qu’ils sont entre la volonté de servir et celle de se protéger, de protéger leurs proches et leurs collègues en ces temps de crise sanitaire aiguë !

Rien d'étonnant si dans ce secteur de soins aussi, les absences sont nombreuses et les remplacements bien difficiles - sinon impossibles - à réaliser.

Le vitrail de la Maison « Croix-Rouge »

(Informations communiquées par la CSD-Liège)

Il a été réalisé en 1951 dans les ateliers du maître verrier Fernand Crickx, spécialisé notamment dans l'Art Déco).  

Le vitrail a été réalisé avec la collaboration du Val Saint-Lambert à la demande de la Croix-Rouge de Belgique lors de la construction d’une Maison Croix-Rouge à Seraing en 1951. Des techniques de déformation du verre sur son épaisseur ont été appliquées, ce qui le rend assez exceptionnel.

Le vitrail représente une infirmière qui soigne un malade devant l’emblème de la Croix-Rouge et, souligne la CSD-Liège, est un symbole protecteur universel reconnu par la Convention de Genève.  L'unicité et l'universalité de ce symbole protecteur vont de pair avec sa neutralité.  

Les blasons des industries locales qui ont contribué à son financement figurent au bas du vitrail. 

En 2014, la Croix-Rouge Serésienne quitte le bâtiment, devenu vétuste et le cède à l’asbl CSD qui souhaite agrandir ses bureaux et le site d’exploitation de la Boverie. Le vitrail est mis en lieu sûr afin de le restaurer et de le protéger du vandalisme.  La rénovation du vitrail est confiée à Jean-Yves  Vossius et son atelier « Chant de Lumière » situé à Méry, Esneux. 

Le vitrail se trouve dans le hall d’entrée de la CSD depuis septembre 2016.

Jacques Gennen, 22 octobre 2020

(Pour une vision assez radicale de l'histoire des femmes et de la médecine, lire ou relire "Sorcières, sages-femmes et infirmières" de Barbara Ehrenreich et Deirdre English, aux éditions du remue-ménage)