Une histoire de Noël d'aujourd'hui...

Voici l'histoire de Noël racontée par Marc Legros lors de la soirée du 22 décembre 2018 organisée par le comité culturel de Trois-Ponts. Je vous la livre telle quelle. J'y ai ajouté les illustrations...

L'Histoire de Noël (2018)

                                                               par Marc Legros

I. Au coin du feu (il était temps !), l'histoire se répète et se perpétue d'année en année. Mais nous sommes ici pourtant avides de savoir: quel est ce miracle , celui qui fait sortir la lumière de l'obscurité de nos vies ?

Je me nomme Joseph et je vous emmène dans une région riante et riche où est née l'agriculture il y a bien longtemps. Ma fiancée Marie est jolie comme un sourire sur un ciel étoilé et nous avançons heureux dans le destin que le ciel nous trace.

II. Nous étions en route pour mon village où l'administration réclamait notre présence pour des histoires d'identités (les administrations doivent toujours remplir des papiers , cocher des cases et donner des noms, cela rassure son vide et sa vacuité!).

Et moi, je voyais Marie changer, s'épanouir en formes et ses yeux pétiller plus encore que Vénus sur l'horizon du crépuscule naissant. Et je nourrissais des soupçons sombres en mon coeur.

Alors l'ange me parla et se donna de la peine pour moi, qui serrais les poings... Il dit : « Ne vois-tu pas que jusqu'au moindre de ses plis, elle est fraîche comme l'aube de Dieu... »

Pourtant, je le regardais, sombre, et murmurais : qu'est-ce qui l'a changée ainsi ?

Et l'ange s'écria : « Tu es charpentier et tu ne reconnais pas encore la main du Seigneur ? Parce que tu fais des planches , dans ton orgueil , veux-tu vraiment demander raison à celui qui, simplement , du même bois , fait s'ouvrir les feuilles et s'enfler les bourgeons ! »

C'est alors que je compris et, levant les yeux vers l'ange qui avait disparu, je chantais louanges sur louanges !

III. Arrivant à Bruxelles, sans papiers et Marie approchant du terme, il nous fallait un gîte et nous ne trouvions rien , où que nous nous adressions !

La nuit tombait et, enfin , au milieu d'un parc parsemé d'arbres , je trouvais une tente où j'installais Marie , épuisée par une si longue route , mais heureuse de s'étendre dans un semblant d'abri, sous la garde de mon sourire et de ma confiance retrouvée.

Mais je restais inquiet quant à l'avenir. Marie ressentait les douleurs de l'enfantement et c'est vers minuit qu'elle mit au monde, sans aucune aide, un poupon rempli de vie et rayonnant de joie à travers la toile de la tente et le feuillage des buissons.

IV. Ainsi démunis, je désespérais à nourrir ma famille naissante, mais les cris de l'enfant inouï attirèrent les gens du voisinage et ils vinrent à nous , les bras chargés de victuailles, de couvertures et de vêtements; simples, mais solidaires de notre détresse. Et je ressentis un grand soulagement en voyant cet enfant qui par son dénuement extrême provoquait cet afflux d'humanité et d'amour du prochain.

Le partage s'instaurait entre tous, et Marie , l'enfant et moi-même rêvions de jours heureux.

V. Hélas, un haut responsable, jaloux de son pouvoir, se prit à haïr le partage, la solidarité et l'innocence de l'enfance. Il décida de poursuivre les personnes qui ne rentraient pas dans les cases, ceux qui laissaient leur nom au vent, leur esprit aux tourbillons des ruisseaux et leur bonheur dans le regard du compagnon.

Nous dûmes partir dare-dare, fuir vers des cieux meilleurs. Chercher refuge dans des régions où Marie et l'enfant ne risquaient pas d'être enfermés, voire exterminés par la folie des hommes. Mais ces régions se font de plus en plus rares ; l'enfant restait confiant pourtant et de jour en jour nous fascinait par l'aura de sa personne. Il semblait s'adresser à la nature entière, des arbres à l'être profond de l'humain.

Le silence même de la nuit semblait suspendu à ses lèvres pures et c'est loin dans l'exil de nos voyages qu'il nous fit découvrir la seule région où la liberté s'étend infinie: et c'était dans les coeurs simples, réunis avec un sentiment commun d'amour infini !

Et c'est ainsi qu'il grandit, surpassant notre humanité, surpassant notre nature pour enfin prendre place en chacun de nous. Mais c'est vrai, vous ne connaissez pas encore le nom de l'enfant ; nous l'avons surnommé AMOUR !