Au conseil communal de Vielsalm: débat sur la construction de chalets en bordure du plan d'eau

Jacques Gennen et Jérôme Derochette

Pour rappel, ce point a été mis à l’ordre du jour de la séance du 1er février 2021 à la demande du groupe Comm’Vous et du groupe écolo.

Ourthe et Somme a introduit une demande de permis d’urbanisme auprès du Fonctionnaire délégué du SP Wallonie à Arlon portant sur la construction de huit unités de logement dont trois unités sans étage en contrebas de la parcelle, d’une capacité de trois personnes et cinq unités avec un étage sur le dessus de la parcelle, d’une capacité de cinq personnes avec place de parking privée pour chaque logement. 

Une initiative qui a suscité de nombreuses réactions négatives !

Le collège a émis un avis favorable conditionnel moyennant le respect des conditions suivantes : 

- ne pas exécuter les travaux entre le 15 juin et le 15 septembre et pendant le mois de décembre ; 

- trois chalets sont autorisés en 1er rang, côté lac et quatre chalets sont autorisés au 2e rang et l’espace pour le 8e chalet, du côté des immeubles à appartements « Les Jardins du Lac » est remplacé par une pelouse ;

- prévoir une place de parking à l’arrière de chaque chalet du second rang avec accès par la voirie du dessus. 

François Rion dénonce une opération purement spéculative de la part d’Ourthe et Somme qui a sans doute déjà vendu les chalets avant qu’ils ne soient construits. Une opération qui ne rapportera rien à la communauté salmienne.

Il constate une grande saturation dans la population devant un trop lein de projet : « Il faut une approche différente. Il y a une saturation, un trop plein de projets immobiliers. Depuis que l’Aldi a voulu s’implanter tout près de la glacière de Hermanmont, cela a déjà fait un sacré choc et heureusement, on a fait marche arrière.

Et on agrandit sans cesse le zoning de Burtonville, la 5G débarque, on nous présente la mise en œuvre d’une zone d’aménagement concerté de Cahay qui comportera 400 à 600 habitations supplémentaires. Il y aura aussi l’impact des éoliennes si le dossier aboutit. 

Impact après impact, il y a quand même une saturation. Les gens ont l’impression d’être sur un terrain où les missiles arrivent de toutes parts finalement.

Je crois que ce qu’il faut comprendre que ce que la société cherche aujourd’hui, c’est un peu d’apaisement. Il faut absolument chercher à conserver les choses utiles et agréables en l’état où elles sont et si on doit pour cela, desservir un peu les intérêts d’Ourthe et Somme, eh bien, tant pis. 

Bien sûr, il faudra sans doute développer des arguments juridiques plus solides, on pourra les trouver, mais pour cela, il faut la volonté de répondre à cette aspiration citoyenne qui est d’avoir une vie un peu plus tranquille, un peu moins bousculée, d’autant plus que ces chalets-là ne vont rien rapporter du tout à l’économie. » 

(On distingue mieux sur cette photo les premiers blocs d'appartements de la promotion Les Terrasses du Lac sur la gauche et, à droite, les chalets et espaces verts sur lesquels devraient se greffer les nouveaux chalets)

Stéphanie Heyden : « Nous sommes étonnés qu’il n’y ait pas eu d’enquête publique pour ce projet de construction. D’un côté, on permet à Ourthe et Somme de s’exprimer dans le cadre du projet de l’aquaparc et elle n’a pas manqué de le faire, mais d’un autre côté, on ne permet pas aux riverains voisins de s’exprimer sur le projet de construction de cette même société.

Vous dites, Monsieur le bourgmestre, que l’enquête publique n’est pas une obligation légale dans ce genre de dossier. Mais sur le plan éthique, nous sommes loin du compte, vous auriez pu prendre l’initiative. La pétition en ligne met en évidence une saturation que subissent les habitants proches et il faut en tenir compte. 

Dans l’avis donné  sur ce dossier le 9 novembre 2020, le collège a fait supprimer un des huit chalets, le plus proche des appartements de la résidence. Je voudrais connaître les raisons objectives du Collège qui motivent la suppression d’un chalet ? 

Et pourquoi le Collège n’a-t-il pas consulté la CCATM ? J’ai repris votre programme électoral, vous indiquiez « faire du site du plan d’eau, un des phares du développement touristique local » et vous vouliez encourager les initiatives de rénovation du site des Doyards. 

Quand je lis ça, je peux comprendre l’étonnement des riverains voisins quant à ces nouvelles constructions, parce que je crois qu’ils ne s’attendaient pas à un projet comme celui-là. Certains ont dit qu’on leur avait confirmé qu’il n’y aurait pas de nouvelles constructions, est-ce vrai ? 

Enfin, j’estime que vous avez des positions contradictoires quand je lis l’avis émis par le Collège le 9 novembre ; vous y indiquez que pour permettre une certaine quiétude, vous n’autorisez pas la construction pendant les mois d’été alors que vous défendez un aquaparc qui fonctionnera à plein régime pendant les mois d’été et impactera les riverains ! »

Élie Deblire : « La demande de permis a été introduite directement auprès du fonctionnaire délégué de la Région wallonne à Arlon. Le collège n’a pas la main sur un dossier comme celui-là dans un premier temps. Les constructions doivent être réalisées dans une zone récréative et de loisirs reprise au plan de secteur, depuis la fin des années 1970 et qui est également située dans un périmètre de reconnaissance économique. Il n’y a rien a priori qui peut empêcher la construction de chalets dans cette zone. 

Je rappelle que lors de l’adoption du schéma de structure communal en 2017, il n’y a pas eu de remarque concernant cette situation urbanistique. Le 15 octobre, nous avons reçu le dossier pour avis.

À partir de ce moment-là, il faut aussi solliciter les avis de l’Agence wallonne du patrimoine, du bureau zonal de prévention, du service des cours d’eau non navigables, d’Idelux Eau. Le fonctionnaire délégué s’occupe de recueillir tous ces avis-là. 

Le premier échevin Thibault Willem a reçu le président de la copropriété " Les Jardins du lac ". Ce dernier dit en effet à qui veut l’entendre que le bourgmestre lui avait promis qu’il n’y aurait pas de construction à cet endroit. Je ne me souviens pas avoir tenu de tels propos devant cette personne, qui ne me dit d’ailleurs rien sur le plan physique. »

Le bourgmestre n'en reste pas là « Le syndic a également été consulté. Nous n’avons pas rendu d’avis le 3 novembre parce que nous attendions des réactions de la part de ces personnes-là. Aux personnes qui nous interrogeaient, nous avons envoyé des mails avec des plans en annexe sans réaction en retour.

C’est vrai que devant l’inquiétude du président de la copropriété et de certains résidents, nous avons, dans l’avis du collège, suggéré la suppression d’une construction sur la parcelle la plus proche des appartements et des aménagements concernant le parking. Si nous ne rendons pas un avis, il est réputé favorable. Si nous rendons un avis négatif, on nous dira qu’il est en contradiction avec le plan de secteur.

Nous avons donc joué le jeu de remettre un avis favorable conditionnel et avons l’espoir que l’Urbanisme suivra notre avis. Une des conditions est effectivement que les travaux n’aient pas lieu en été ou au mois de décembre pour ne pas incommoder les riverains. 

C’est au fonctionnaire délégué de la Région wallonne de délivrer le permis. Toutes les pétitions et tous les courriers reçus à propos de ce dossier lui ont été transmis. Cette décision fera l’objet d’un affichage de trente jours et un recours sera possible de la part des opposants.

Il s’agit de chalets sur pilotis ce qui est intéressant en termes d’impact environnemental. »

Élie Deblire rappelle également qu’un contrat de leasing liait la société Ourthe et Somme à Idelux Finances, cette dernière étant donc propriétaire de l’ensemble des chalets existants.  En 2017, l’option d’achat a été levée par la société qui est devenue propriétaire de l’ensemble. Il estime que le collège a fait œuvre utile en remettant un avis conditionnel. 

Stéphanie Heyden : « Vous avez remis un avis conditionnel après avoir aussi reçu l’avis de la CCATM ? »

Élie Deblire : « La CCATM n’avait pas à être consultée, son avis n’a aucune valeur dans ce dossier. Elle a quand même remis un avis d’initiative qui a été transmis au fonctionnaire délégué qui prendra sa décision le 22 février au plus tard. »

Stéphanie Heyden : « Je trouve que ce débat est très intéressant et je réitère encore ma demande de le laisser accessible sur You Tube, je pense que la population doit entendre tout ce qui vient d’être dit, en tous cas les riverains proches. »

Le bourgmestre précise encore qu’il a répondu en tête à tête ou par mail aux interrogations des riverains et autres réclamants.

François Rion : « L’avis de la CCATM n’a finalement jamais une grande valeur malheureusement. Ce n’est qu’une commission consultative et le premier interlocuteur de la CCATM, c’est le collège et c’est au collège qu’elle voulait remettre son avis. 

Vous vous réfugiez derrière des arguments de procédure, mais on ne sait toujours pas quelle est votre vision du développement touristique de Vielsalm. 

Ces sept chalets vont être vendus à des néerlandophones puisque le panneau publicitaire commence par la présentation en néerlandais et le site internet aussi. Peu importe, mais cela veut dire que l’impact local est extrêmement discret.

Cerise sur le gâteau, il y a le projet d’aquaparc, une activité qui va attirer 100 à 200 personnes en permanence et 40 voitures sur le parking. On va installer une série de choses sur et à côté du plan d’eau, cela va être bruyant et à côté de cela, on s’est esquinté à mettre des îles flottantes pour encourager la biodiversité. Est-ce que c’est ce tourisme-là qu’il faut à Vielsalm ? Et encore une fois, nous n’aurons pas encore votre réponse. »

Élie Deblire résume son point de vue : « Ici, nous parlons du projet des chalets, le projet d’aquaparc a fait l’objet d’une discussion préalable. Je vous ai dit que le dossier de l’aquaparc était postposé pour l’instant et que l’avis envoyé par le collège au fonctionnaire délégué permettra de minimiser les impacts de la construction des chalets. »

Cette dernière intervention du bourgmestre clôt un débat qui a permis de soulever bien des questions de fond !