Vielsalm, au conseil communal : à propos de la décrépitude de nos nationales…

Jérôme Derochette et Jacques Gennen

En séance du conseil communal du 14 juin 2021, il a de nouveau été question de la déglingue de notre réseau routier et de nos nationales devenues régionales...

André Boulangé : « Permettez-moi, Monsieur le bourgmestre, de revenir sur votre courrier du 14 octobre 2020 adressé au président et au directeur général de la SOFICO concernant la gestion de notre réseau routier. Vous demandiez que les routes N89, N68 et N675 soient reprises par la SOFICO avec, à la clef, le paiement d’une redevance par les poids lourds. 

Notre groupe était content de cette initiative qui faisait suite à nos interventions.  Afin de poursuivre les investissements destinés à l'entretien et à l'amélioration de notre réseau routier, le prélèvement kilométrique pour les poids lourds de plus de 3500 kilos qui vaut depuis le 1er avril 2016 et uniquement sur l'axe Baraque de Fraiture/Burtonville serait de plus ou moins 1.404.000 euros par année (0,15 cent x 40 km x 900 camions x 260 jours). Pour 5 ans, cela donne une somme de plus ou moins 7.020.000 euros. 

Après le premier pas, un deuxième s'impose. Depuis le confinement de 2020, on peut se demander si les transporteurs de grumes ne font pas un concours à qui charge le plus… 95 % sont en infraction. Je suis d'accord avec vous concernant la vitesse : les radars sont efficaces, mais il faut une solution pour les transports en surcharge. Ceux-ci sont responsables de l'état déplorable de nos routes.  

Un transport en infraction détruit plus que 100.000 voitures. Pour information, les voitures de 1800 kilos ont un contact au sol de 41 kg/cm². Un camion de 60 tonnes avec 14 pneus a un contact au sol de 59.640 kg/cm². De plus, le déplacement latéral disponible est plus que limité : 85 cm pour un camion et 1,55 m pour une voiture. Il en résulte une compression plus concentrée.  

Chaque année, des réparations sont effectuées, mais le budget du SPW est limité. 

On racle 5 cm de tarmac, on ne se soucie pas du défoncement de la chaussée ; ces « replâtrages » sont réalisés sur des largeurs de 1,5 à 2 m, l’empierrement et les couches de tarmac ne portent plus les charges de façon homogène ; il en résulte une mauvaise stabilité avec des vibrations. 

Afin de supporter des transports de 60 tonnes, la construction idéale de nouvelles chaussées comme on le fait en province de Liège s'effectue avec une profondeur de 90 cm. Les coûts sont évidemment différents. Pour une construction avec plusieurs couches pour atteindre 90 cm, il faut compter 1.000.000 à 1.200.000 euros par km. Pour des réparations comme on les fait actuellement, l'addition est entre 350.000 et 550.000 euros par kilomètre. Je tiens ces informations du directeur technique de Bodarwé.  

Au dernier conseil, solliciter le SPW était votre réponse à Monsieur Rion. La réponse de Monsieur Prosper Vincent est claire : les budgets sont plus que limités. 

 

(André Boulangé, très concentré avant son intervention!)

Des solutions s'imposent ! Il est impératif que la SOFICO finance le coût d’indispensables travaux. 

Il faut réglementer, comme pour la vitesse, le tonnage autorisé pour les transports et, pourquoi pas, demander la verbalisation automatique des camions en surcharge. Des capteurs dans le sol reliés à des caméras permettent de peser et de verbaliser à distance. Plusieurs tests sont réalisés en Wallonie. 

La gratuité de notre réseau et l'extension du zoning vont accroître le nombre de transports.  

Les Salmiens n’ont plus de confort de vie, surtout la nuit. Dès 4h du matin, ils sont réveillés par le bruit incessant des routiers.  

Deux questions pour terminer, Monsieur le bourgmestre :

- Où en est votre demande auprès de la SOFICO ? 

- À part prendre des somnifères, que faut-il répondre aux riverains qui ne dorment plus ? 

Merci. »  

Élie Deblire lui répond d’un ton passablement irrité : « Vous poursuivez vos interventions et ce sont toujours les mêmes, Monsieur Boulangé. »

« Pas toujours », lui répond André Boulangé

Élie Deblire poursuit : « Je vous l'ai déjà dit : qu'avez-vous fait, vous ? Chaque fois, vous m’interpellez et chaque fois je réponds à vos interpellations. Je les devance même : j’ai encore envoyé un courrier le 10 mai 2021 à la SOFICO. Malheureusement, mon parti n’a strictement plus rien à dire à ce sujet. 

Je vous invite, avec votre casquette PS, à faire ce qu’il faut faire. Quand j'étais conseiller dans la minorité, c'est ce que je faisais, j’essayais de faire en sorte que les choses avancent.  Je vous invite à le faire également car je n'ai même pas de réponse de vos amis. Arrêtez de m'interpeller et relayez mes interventions. 

Demandez à Prosper Vincent, le chef de district du SPW dont dépend Vielsalm, tant Thibault que moi, nous le harcelons tout le temps ! » 

Le bourgmestre n’en reste pas là : « Il est déjà compliqué, pour la Région wallonne, de dégager des budgets pour tailler les haies le long des routes. C’est l’entreprise Bodarwé qui dispose d’un petit budget pour cela qui s’en occupe. Tout cela parce qu’au niveau du SPW, il n’y a pas de gestion ! »

Il poursuit : « Vous me parlez de capteurs et de caméras, mais on n'en est pas là, Monsieur Boulangé. Alors, vos grandes théories, je veux bien les entendre, mais faites votre boulot. Je fais le mien, je m’y attèle, je ne demande pas mieux que des moyens soient dégagés pour notre région. Vous ne vous adressez pas au bon interlocuteur. »  

François Rion s’adresse au bourgmestre : « Que voulez-vous, chaque Ministre a son passage obligé au Ministère des routes. Ça n'allait pas beaucoup mieux à l'époque où votre parti était à la manœuvre. Concernant le pesage, il y a les techniques dont parle André, mais elles sont onéreuses et qui plus est intrusives.  

Il y a des méthodes plus simples : il faut peser. Nos policiers savent le faire. Nous avions interpellé le Chef de corps de la police à l’époque car il faut constater qu’il n’y a quasiment pas de pesage sur notre commune. Il avait répondu qu’il fallait répartir les pesages sur la zone d’une manière équilibrée.

Or, c’est ici que l’on a des problèmes. Et ça, c'est votre job, en tant que bourgmestre, d’exiger au conseil de police davantage de contrôles dans notre région qui est traversée par de nombreux camions. Ce n'est pas à un conseiller communal de la minorité de le faire. » 

Élie Deblire : « La crise sanitaire a donné beaucoup de boulot aux policiers. Les contrôles se font et se feront plus encore après la crise. Vous ne les voyez pas, mais ils se font régulièrement. »  

François Rion demande un rapport statistique des infractions.  

Élie Deblire confirme à François Rion que le rapport d’activité est accessible à tous les mandataires et que comme conseiller, il peut le demander au chef de corps de la police. 

Encore une augmentation du charroi lourd ?

Jacques Gennen prend la parole : « J'ai cru enregistrer un certain agacement dans votre réponse un peu brutale, Monsieur le bourgmestre, à André Boulangé, en lui renvoyant la balle. Je n'apprécie pas cela car s'il y en a bien un qui doit jouer son rôle, c'est bien vous.  

Je ne dis pas que vous ne faites rien, vous venez encore de le rappeler ; il ne faut pas croire que nous restons les bras croisés, nous faisons notre job mais je pense qu'après les incidents qui se sont produits récemment, beaucoup de gens vont en avoir assez des bruits et des nuisances, qu’elles proviennent du zoning ou du trafic des poids lourds.  

Et voilà qu’Unilin va nous demander une unité de cogénération supplémentaire et j’imagine qu’Idélux va soutenir cela. Moi je dis c’est non, même si cette décision ne dépendra pas de nous, c’est non parce que c’est trop.  

Avec les deux unités de cogénération, ce sera 400.000 tonnes de bois en plus et presque une centaine de camions supplémentaires aller-retour par jour. On se demande d’ailleurs d’où viendra ce bois. Les gens en ont ras le bol. Il faut mettre les choses sur la table et se dire qu’il faut arrêter ou alors trouver des mesures plus efficaces. » 

Élie Deblire : « Je n’ai pas de soucis avec vos propos. Je vous ai démontré que mon combat est permanent contre le bruit. En l’occurrence, ici, nous parlons d’un incident, qui ne devrait pas arriver et nous essayons de trouver des solutions. »  

Jacques Gennen : « Mais c'est un incident qui s'ajoute à un ensemble. » 

Élie Deblire : « Oui, mais c'est un incident isolé tout de même. En ce qui concerne la réduction du bruit, je vous ai fait part de tous les investissements réalisés par l’entreprise et j’ai répondu que je suivais l'évolution. Concernant nos rôles, je pense vraiment que je remplis le mien et je suis triste de ne pas recevoir de réponse de la SOFICO. » 

Le bourgmestre pense aussi que la reprise des routes par la SOFICO réduira complètement le champ d’action de la Commune : « Nous perdrons toute emprise ! »  

Il évoque les propos du directeur de la direction des routes pour la Province de Luxembourg qui lui a dit qu’avec la SOFICO à la manœuvre, la Commune de Vielsalm n’obtiendrait plus rien en termes d’aménagement de sécurité et pourrait faire une croix sur ses trottoirs et sur différents aménagements, alors qu’actuellement, la Commune a encore des interlocuteurs au SPW qui essaient de l’aider. 

Thibault Willem confirme ces propos. 

Jacques Gennen précise qu’il connaît lui aussi ce responsable et son humour et lance : « Il ne faut pas tomber dans la caricature, Monsieur le bourgmestre. »  

François Rion y va de son commentaire : « Écrire des mails aux entreprises, c'est bien, tous les bourgmestres feraient cela, mais combien de fois n’avons-nous pas été, au conseil communal, mis devant un fait accompli en votant une régularisation au niveau du zoning ?  

C’est là qu'on doit aussi jouer notre rôle et expliquer aux entreprises qu'on ne fait pas ce qu'on veut et qu'on n'emmerde pas le voisinage comme on veut. Il y a des règles et un pouvoir communal. Il faut quand même qu’ils s’y conforment. Envoyer des mails après ne sert à rien. En 20 ans, on n’a guère avancé ! »  

Élie Deblire : « Si ! J’ai des réponses et des investissements sont programmés. Les choses bougent positivement. »

Et on en reste là jusqu'à une prochaine fois...