Conseil communal du lundi 26 août 2019 (1re partie)

Jacques Gennen et Jérôme Derochette

Deux points particulièrement importants pour cette séance « de rentrée » : une motion sur le maintien de la ligne 42 ainsi que la présentation du programme stratégique transversal (le P.S.T.) et le débat qui s’en est suivi.

On commence par le plat de résistance que les lectrices et lecteurs de l'Annonce de Vielsalm ont déjà pu découvrir.

Le programme stratégique transversal

Pour rappel, la déclaration de politique communale qui reprend notamment les principaux projets politiques ainsi qu’un volet budgétaire reprenant les grandes orientations a déjà fait l’objet d’un débat au sein du conseil communal.

Dans la foulée de l’adoption de cette déclaration de politique communale, le collège communal doit présenter son programme stratégique transversal (ci-après « P.S.T. ») au conseil communal.

Après avoir particulièrement remercié la directrice générale Anne-Catherine Paquay pour son implication dans l’élaboration du P.S.T., le premier échevin Thibault Willem rappelle ce qu’est le P.S.T. : « C’est une démarche de gouvernance locale. C’est un document stratégique qui aide la Commune à mieux programmer ses actions et sa politique en s’appuyant sur une culture de la planification et de l’évaluation. 

Le P.S.T., est aux communes ce qu’un plan d’entreprise est au business : une planification des objectifs, basée sur les priorités et les moyens disponibles, pour toute la législature communale et bien au-delà. Il est en quelque sorte une feuille de route évolutive qui doit aider notre commune à programmer ses actions pour mettre en œuvre les objectifs définis.

Le P.S.T., c’est l’administration qui va le tenir à jour et l’implémenter. Des habitudes de travail vont devoir changer, c’est déjà un défi, mais le P.S.T. ne doit pas être vu comme une contrainte administrative supplémentaire. »

Il poursuit : « Un P.S.T. c’est évolutif.C’est avant tout une démarche stratégique évolutive et modulable visant à planifier et prioriser les politiques communales en intégrant un processus d’évaluation. C’est un outil de gouvernance qui doit permettre d’anticiper les enjeux, de répondre aux besoins locaux et d’améliorer les relations avec les citoyens. » 

Il rappelle les huit thématiques qui constituent le volet externe du P.S.T. : 

- gouvernance - implication citoyenne – communication ;

- énergie-environnement-propreté ;

- aménagement du territoire – mobilité ;

- économie - emploi – tourisme ;

- qualité de vie - sécurité – santé ;

- action sociale – logement ;

- éducation - culture - sport -jeunesse- enfance ;

- ruralité- agriculture - forêts – patrimoine.

« Le P.S.T.,  souligne enfin Thibault Willem, c’est aussi, pour notre commune :

-  26 objectifs stratégiques qui traduisent ce que la Commune veut être ;

-  56 objectifs opérationnels qui traduisent ce que la Commune veut faire pour atteindre ces objectifs stratégiques ;

- 233 actions qui permettront d'atteindre ces objectifs opérationnels.                   

Deux autres thématiques concernent l’accessibilité et le fonctionnement de l’administration ainsi que la gestion des ressources humaines qui ne font pas l’objet du débat de ce jour car une concertation avec le personnel doit encore être réalisée. »

Précisons encore que l’adoption d’un P.S.T. est imposée par un décret wallon et qu’une démarche identique est en cours au C.P.A.S. Le P.S.T. imposera pour son suivi une implication permanente importante de l’administration et en particulier de la directrice générale et de la directrice financière. Un comité de direction à instaurer au niveau communal fera également partie des acteurs de ce long processus. C’est dire que le rôle de l’Administration sera primordial.

Stéphanie Heyden estime que dans les partenariats qui sont évoqués dans le P.S.T., la bibliothèque publique devrait être spécialement mentionnée lorsque l’on évoque la transmission de la mémoire historique, d’une part et, d’autre part, les actions portées par l’Université des champs créée au départ de la bibliothèque publique. 

Elle estime également que l’Intercommunale Idelux-Eau doit être mentionnée comme partenaire pour certaines actions telles que des travaux d’égouttage tandis que l’A.T.L. (le dispositif accueil temps libre) pourrait être retenu lorsque sont évoquées certaines actions concernant l’enfance et l’enseignement.

Quelle procédure et quelle méthode pour l’adoption du P.S.T. ?

Françoise Caprasse rappelle qu’elle est également impliquée dans l’élaboration du P.S.T. du C.P.A.S. de Houffalize comme directrice générale. Elle regrette que certains enjeux stratégiques n’aient pas été spécialement mis en évidence et que les ressources disponibles en personnel pour mener à bien le P.S.T. n’aient pas été identifiées, ce qui est conseillé par la Wallonie.

Elle poursuit : « C’est bien de vouloir tout faire, encore faut-il un personnel suffisant, qualifié et motivé pour suivre ! 

Je constate également que selon le décret wallon imposant le P.S.T. à toutes les communes, il est souhaitable d’identifier les moyens financiers disponibles pour chaque objectif ou action. Ici, pas un mot dédié à ce sujet ; on veut donc tout faire sans préciser avec quels sous alors que le collège nous met régulièrement en garde quant aux dépenses qu’il faudra assumer en dehors du P.S.T. Je pense notamment aux problèmes de financement des zones de police et de secours, de Vivalia et de la M.R.S. La Bouvière de même qu’aux incertitudes relatives au rendement des ventes de bois. »

Elle évoque un état des lieux de l’existant qui aurait dû être réalisé au préalable. Le collège n’en a rien fait, dit-elle, et s’est contenté de reprendre les objectifs et actions entrepris ces dernières années dans les 236 actions qu’il propose. 

Françoise Caprasse : « Dans les 236 actions proposées, plus de 140 au moins existent déjà depuis de nombreuses années pour la plupart. Non, rien de nouveau au balcon. Je ne citerai comme exemple que “réaliser les travaux d’entretien des voiries, des trottoirs”, “soutenir les associations via des subsides”, “lutter contre les dépôts sauvages”, etc., etc.

Tout ce déballage d’actions empêche la mise en avant de véritables enjeux dont certains figurent d’ailleurs dans le P.S.T. comme la préservation du patrimoine, l’accessibilité aux bâtiments publics pour les personnes à mobilité réduite, la gratuité de l’eau dans les soirées, la mobilité douce, l’installation du C.P.A.S. et de l’Agence de Développement Local dans de nouveaux locaux, la réhabilitation de la morgue de Vielsalm pour que les habitants disposent enfin d’une morgue publique, ce qui est obligatoire et intéressant financièrement pour les moins nantis. »

Et Françoise Caprasse de conclure : « En réalisant le P.S.T. comme vous l’avez fait, vous n’aurez aucun problème pour soutenir que vous en avez réalisé les trois quarts lorsque vous devrez rendre des comptes à la population. 

Bref, comme pour la déclaration de politique générale, beaucoup de poudre aux yeux plutôt qu’un réel outil de bonne gouvernance et d’amélioration du service aux citoyens. C’est dommage ! On attend bien sûr avec impatience les deux thématiques du volet interne. »

Ces critiques n’ont pas l’air d’ébranler Thibault Willem qui s’adresse à Françoise Caprasse : « Je vous rappelle que rien n’impose que le personnel soit impliqué dès le début dans le P.S.T. C’est au  collège à prendre ses responsabilités, ce que nous avons fait. Vous nous reprochez d’avoir mis dans le P.S.T. 140 actions qui sont déjà en cours. Si on avait voulu mettre toutes les actions en cours, il y en aurait au moins 600 ! Nous avons retenu celles qui sollicitent particulièrement le personnel.

Le P.S.T. sera publié sur le site Internet de la Commune ce qui permettra à chacune et à chacun d’en prendre connaissance. Il y a 5 à 10 % de nouvelles actions qui sont lancées et d’autres le seront au fur et à mesure. Par ailleurs, le P.S.T. n’est pas un outil financier. C’est un outil de programmation et un outil stratégique pour atteindre les objectifs ! »

Françoise Caprasse n’en démord pas : « Vous auriez dû au préalable dresser un état des lieux et évaluer la charge de travail du personnel. Vous auriez également dû faire une distinction entre l’existant et les nouvelles actions. »

Thibault Willem : « Cela reste un premier exercice et nous sommes fiers du travail effectué. Il appartiendra à chacune et à chacun, côté politique comme côté administratif, de prendre le P.S.T. sous le bras comme outil de travail. »

François Rion : « Même si vous ne retenez aucun impact financier, vous avez quand même fait un parallélisme évident entre le P.S.T. et le budget. Nous demandons en tout cas qu’à chaque budget, le P.S.T. actualisé soit joint en annexe. 

Tout ce qui est un peu dans l’air du temps, qui est moderne, s’y trouve. Vous évoquez la participation citoyenne, la communication et la consultation. À propos de consultation, où en est le conseil consultatif des jeunes ? » 

Anne-Catherine Masson : « Il est toujours là ! Il y a eu des sessions d’examens et les vacances. Les jeunes vont pouvoir s’impliquer à nouveau. 

Un appel à projets va être lancé fin septembre auprès des jeunes de la Commune pour recueillir les propositions concernant les activités sportives, la communication et les loisirs par les jeunes et pour les jeunes, dans une dimension écologique et durable sous le signe du vivre ensemble. Les jeunes eux-mêmes formeront le jury. Des adultes les accompagneront pour donner un avis. »

Le bourgmestre Élie Deblire recadre la discussion sur le P.S.T.

François Rion : « À propos de bonne gouvernance, le collège devrait vraiment faire un petit effort. Je vous rappelle que si la minorité ne s’était pas manifestée énergiquement à propos de l’occupation de la gare, on aurait assisté à un fameux dérapage juridique de la part du collège. »

François Rion a manifestement fait une lecture pointue du P.S.T. adopté par le collège et va contester au cours de sa longue intervention, à travers leur formulation, certaines orientations retenues par le collège. C’est que les mots retenus dans le PST pour formuler certains objectifs ou certaines actions ont leur importance même s’ils ne traduisent pas toujours l’exacte volonté de leurs auteurs.

Empreinte environnementale, zéro pesticide, déchets…

Le conseiller écolo : « Je ne trouve pas dans le P.S.T. un objectif stratégique digne d’une commune qui vise à réduire l’empreinte environnementale par une utilisation parcimonieuse des ressources et notamment de l’eau en soutenant certaines initiatives comme l’utilisation de l’eau de pluie par l’installation de citernes.

En ce qui concerne l’environnement, il est temps d’intégrer la notion de « pollution lumineuse ». Je vous rappelle que la Province de Luxembourg a émis des recommandations ce sujet. 

Quant à votre objectif de ‘zéro pesticide’, on est d’accord, mais il faut tendre à une utilisation zéro pesticide dans un public plus large que les services communaux, en impliquant les agriculteurs notamment.

Vous voulez ‘améliorer la gestion des déchets’, on est d’accord aussi, mais la vraie priorité, c’est de viser une diminution du volume des déchets. Il faut une communication spécifique notamment vers les entreprises de la construction par exemple pour éviter que des palettes en bois ne se retrouvent mélangées à d’autres déchets.

Vous voulez poursuivre ‘la gestion des dépôts sauvages’, c’est non ! La formule à retenir, c’est ‘combattre les dépôts sauvages’. »

Élie Deblire : « Je vous rappelle que notre devoir, c’est d’agir au niveau communal avec les moyens dont on dispose. Il y a aussi d’autres niveaux comme la Province, les intercommunales ou encore la Wallonie qui ont des actions à mener. 

Une action vis-à-vis des entrepreneurs, c’est au-dessus des moyens de la Commune. Je suis d’accord avec une série de remarques que vous faites, mais il faut tenir compte des ressources communales. Chacun doit rester à sa place avec ses moyens disponibles et le niveau supérieur doit faire son boulot. »

François Rion rappelle que lors de la projection du film “la planète lait”, l’animateur a incité les personnes présentes à s’engager dans une action politique tout en soulignant que les élus politiques les suivraient et il ajoute : « Il faut que chacun à son niveau décrive ses intentions et ses moyens et si cela peut se rencontrer aux différents niveaux, c’est une bonne chose ! »

Élie Deblire : « Mais il ne faut pas non plus se disperser. Nous prendrons nos responsabilités à notre niveau et il y aura un contrôle de notre action. » 

François Rion évoque également les nuisances environnementales : « Vous indiquez dans le P.S.T. qu’il faut ‘gérer les nuisances’. D’accord, mais la semaine passée, il y avait encore de fameuses nuisances dans les villages entourant le zoning ! » 

Quelle mobilité ?

François Rion souligne également l’approche du collège concernant la mobilité et sa volonté de permettre en quelque sorte à tout le monde de circuler plus facilement. Mais il rappelle qu’une mobilité efficace repose aussi sur des services de proximité tels que la poste, la production et la vente de produits locaux, l’existence de boîtes aux lettres et il ajoute : « Circuler facilement, cela ne suffit pas comme objectif ! »

Thibault Willem : « la motion de soutien à la ligne 42 que nous venons d’adopter rencontre cet objectif. »

François Rion : « Et nous l’avons soutenue bien entendu, mais on doit aussi s’intéresser à faciliter le transport scolaire ne serait-ce que par le covoiturage, quand je pense à l’encombrement de voitures aux abords des écoles le matin et à la fin des cours… »

Élie Deblire : « Un objectif dans lequel il faudrait impliquer les associations de parents. »

Ce qu’approuve François Rion qui reviendra encore par la suite sur la problématique de la mobilité.

Politique touristique et produits locaux

Le conseiller écolo n’en reste pas là : « Vous voulez ‘renforcer l’attractivité touristique’. C’est une vieille recette, mais le but n’est pas d’en faire toujours plus, et plus, et encore plus.

Il faut aussi favoriser une certaine forme de tourisme. Calmons-nous ! Notre volume d’absorption touristique est quand même limité. Soutenir une forme de tourisme respectueux, c’est mieux.

À un autre endroit du P.S.T., vous indiquez vouloir ‘mettre en avant le folklore local et les produits locaux’. Ce n’est pas  un amalgame à faire, ce sont deux choses différentes et les produits locaux, ce n’est pas du folklore c’est de l’économie ! »

Élie Deblire : « Vous est passé à côté de la lecture du texte. Il y a des actions différentes dans des chapitres différents et vous retrouvez par exemple les actions que vous venez de citer en deux endroits différents. »

Thibault Willem : « Le principal, c’est que cela soit fait. »

Une réponse qui ne convainc pas François Rion

Élie Deblire : « Voyez quand même ce que l’on a fait et tout ce que l’on réalise à propos des produits locaux. »

François Rion : « Vous indiquez dans le P.S.T. qu’il faut ‘gérer les nuisances’. D’accord, mais la semaine passée, il y avait encore de fameuses nuisances dans les villages entourant le zoning ! » 

Il interroge ensuite le collège sur le projet de coopérative laitière, 

Thibault Willem et Philippe Gérardy précisent que le projet n’est pas encore fort avancé car il est compliqué à mettre en place. Ils évoquent la possibilité d’un partenariat avec la laiterie-fromagerie biologique de Vielsalm.

François Rion évoque également le succès de la monnaie locale le Sous-rire dans certaines communes et regrette le peu d’intérêt manifesté par le commerce salmien. 

Élie Deblire souligne la grande implication de l’Agence de Développement Local, l’A.D.L., dans le soutien à cette monnaie. L’A.D.L. a notamment fait le tour de tous les commerçants locaux. 

Sécurité des personnes, sécurité routière et mobilité

Le conseiller écolo : « En ce qui concerne la sécurité des personnes, vous souhaitez organiser des séances de prévention. Je ne critique pas cette action, mais plus on parle de vols, plus on accroît le sentiment d’insécurité. On voit bien ce que font certains partis du nord du pays qui mettent en avant l’insécurité pour détourner l’attention de la population des vrais problèmes. 

Il nous semble important d’évoquer la mixité sociale à propos du logement. La mixité, c’est aussi dans la culture, le sport et les activités associatives qu’on doit la trouver et nous devons veiller dans notre politique du logement à ne pas créer des ghettos.

Par ailleurs, je rappelle la nécessité de faire des opérations de pesage des charges des poids lourds.

Vous reprenez dans le P.S.T. la réalisation d’un plan de mobilité avec Gouvy. Je suis d’accord, mais il faut aussi parler de l’inscription de Vielsalm dans le groupe ‘Changeons Demain’. Stavelot et Malmedy et d’autres communes voisines y ont adhéré. Vielsalm doit s’y impliquer réellement comme le font d’ailleurs des entrepreneurs et patrons d’entreprise. C’est une démarche très positive ! »

 Et de conclure sa longue intervention : « On s’attend à ce que vous intégriez dans la prochaine version du P.S.T. nos remarques ! »

Thibault Willem : « Des remarques qui sont certes pertinentes, mais je rappelle l’importance d’agir au niveau communal et de bien communiquer à ce sujet. »

Élie Deblire : « Je rappelle que le P.S.T. relève de la responsabilité du collège et que le conseil communal n’a pas à voter, mais doit simplement en prendre acte. 

Pour notre part, on a bien pris acte de vos remarques, mais certaines relèvent d’autres niveaux de pouvoir et chacun doit rester à sa place. »

Jacques Gennen et Jérôme Derochette