Vielsalm, au conseil communal du 14 juin 2021: Vivalia et la MRS La Bouvière
Jérôme Derochette et Jacques Gennen
En séance du conseil communal du 14 juin 2021, les membres du conseil étaient invités à se prononcer sur les ordres du jour (rapport d'activités, comptes, etc.) des assemblées générales des intercommunales dont fait partie notre commune.
Voici les débats concernant essentiellement l'Intercommunale Vivalia et la MRS La Bouvière.
Il y sera encore fait allusion à Idelux et Sogeparlux mais pour l'essentiel des débats les concernant, je vous invite à cliquer sur le lien suivant: Idelux et Sogeparlux.
François Rion, après ses propos critiques sur Idelux et Sogeparlux : « Pour Vivalia, Écolo avait dit non au poste de conseiller stratégique qui était créé avec un salaire supérieur à celui du directeur général et qui ne dépendait pas du directeur général, ce qui est contraire aux règles imposées aux intercommunales. À nouveau, le ministre a cassé cette décision, mais, ici, c’est encore pire puisque Vivalia s’insurge, se rebelle contre la décision du ministre et va au Conseil d’État.
C’est tout de même extraordinaire à un moment où on dit qu’il faut revaloriser les professions médicales de se lancer dans des aventures hasardeuses et onéreuses, de créer un nouveau poste à notre sens inutile puisque la personne qui l’occuperait est le directeur général actuel. S’il avait des stratégies à développer, pourquoi ne l’a-t-il pas fait à ce moment-là ?
Il y a donc quelque chose de pas très sain qui se passe dans ces intercommunales ! Et c’est d’autant plus dommage qu’on n’avait jamais eu besoin de se soucier de problèmes de bonne gouvernance, en Province de Luxembourg. Voilà pourquoi, malgré certaines avancées, on ne votera aucun ordre du jour des assemblées générales. »
Le bourgmestre : « Le directeur général de Vivalia a fait un pas de côté car il a été mis à mal par des médecins. Mais c’est lui qui a défini toute la stratégie de Vivalia, contrairement à ce vous avez dit, qui a d’ailleurs été acceptée par une large majorité du Conseil d’Administration.
Cette stratégie n’a pas été acceptée par tous les mandataires de la province et par tous les médecins et, pour apporter un peu de sérénité, le directeur général a dit qu’il voulait bien faire un pas de côté. Mais il est nommé et statutaire et donc, ensemble, on a réfléchi à ce que pourrait être son rôle demain. D’où ce poste de conseiller stratégique qui reprendra notamment les attributions du secrétaire général et de l’auditeur interne qui vont être bientôt pensionnés.
Vous imaginez bien que dépendre du directeur général ou de la présidence ne posera pas de soucis particuliers. Il nous semblait intéressant d’avoir un comité de direction qui soit aussi éclairé par un conseiller stratégique. Il n’y a donc aucune volonté non d’aller au-delà du décret bonne gouvernance.
De plus, on sait qu’au niveau de Vivalia, on est largement en-dessous des régions que vous avez citées où des traitements plus importants sont appliqués.
Je pense qu’il faut raison garder dans les propos qu’on tient et se rendre compte que nous avons énormément de difficultés pour avoir du personnel qualifié, infirmiers, informaticiens, personnel de direction, pour remplir le cadre à tous les niveaux. L’attrait financier est donc un des éléments. C’est important ! Il faut pouvoir valoriser les compétences des uns et des autres, surtout dans notre province tant l’attrait du pays voisin est important.
Il faut être attentif et pouvoir conserver une structure performante et efficace pour gérer un bateau comme Vivalia. Je vous demande donc d’avoir un peu de respect dans vos propos, un peu de respect vis-à-vis des personnes, un peu de respect pour les familles concernées et globalement pour ces institutions qui font du bon travail. »
Stéphanie Heyden confirme quant à elle les explications développées par le bourgmestre, concernant le « montage » Sogeparlux.
François Rion persiste : « Je suis bien entendu d’accord concernant le respect qu’il faut avoir pour les gens, mais ne me reprochez pas de m’intéresser à l’argent public qui est dépensé dans des salaires de directeurs d’intercommunales.
Vous aviez déjà donné ce genre d’explications, en effet, l’année passée, alors qu’il y a un peu du nouveau : les décisions, tant de Vivalia que d’Idelux ont été cassées. Elles ont été cassées et vos explications n'ont pas convaincu des ministres. On n’est pas des idiots.
Pour le moment, ce n’est pas Écolo contre toutes les intercommunales, ce sont deux intercommunales contre des cabinets ministériels. C’est quand même un peu différent… et donc, j’attends que les explications convainquent des cabinets ministériels et il se fait que nous nous rangeons du côté des cabinets ministériels »
Élie Deblire : « Je ne vous prends pas du tout pour des idiots. Je veux simplement vous dire que les décisions de la tutelle, vous devez les analyser. Vous vous focalisez uniquement sur la dimension financière, c'est ça que je vous reproche. La tutelle ne parle pas d’un problème financier ou des barèmes qui sont proposés. Et vous, vous mettez en avant des excès qu’il pourrait y avoir au niveau des directions comme dans d’autres régions citées, comme par le passé.
La tutelle ne pointe pas ça ! Elle pointe que Sogeparlux pourrait prendre une partie du pouvoir des intercommunales car nous nous sommes mal expliqués. Mais elle ne parle en rien des éléments financiers. Elle nous a simplement rappelé qu'on ne pouvait pas dépasser les plafonds prévus dans le décret. Ce n’était pas dans nos intentions, évidemment ! Les échelles barémiques seront les mêmes. Attendons la décision du ministre par rapport aux explications données sur le montage Sogeparlux. »
Le bourgmestre évoque ensuite le personnel de Vivalia: « Je voudrais souligner l’efficacité du personnel, de tout le personnel et certainement du personnel soignant avec une pensée pour celles et ceux qui sont en grève aujourd'hui face à des mesures qui ne sont pas comprises.
Je veux aussi souligner la solidarité entre les hôpitaux de Vivalia et les médecins, mais aussi entre les maisons de repos et les hôpitaux. Des efforts importants sont consentis pour revaloriser le personnel. 2 millions d'euros en 2020. Le personnel soignant devait évidemment être revalorisé ! »
Le bourgmestre égrène quelques chiffres représentatifs de l’Intercommunale. 3000 personnes œuvrent au sein de Vivalia qui propose en tout 1190 lits, dont 400 lits de maison de repos.
Il souligne également l’impact de la crise. Ainsi, en 2020, on comptait 37.500 admissions… contre 46.500 en 2019 ! Au service des urgences, on relève 70.000 passages en 2020 … contre 85.800 en 2019. « Il y a probablement toute une série de personnes qui n’ont pas pu être soignées en 2020, dans des conditions normales », précise Élie Deblire.
Il rappelle également que la MRS La Bouvière a également été lourdement impactée par la Covid-19. Le taux d’occupation est passé de 99,21% en 2019 à 85% en 2020 et ajoute: « Nous avons maintenu tout le personnel. La volonté du comité d’accompagnement présidé par Monsieur Gennen a toujours été de mettre la pression pour garder le personnel, pour empêcher que l’on fasse des économies sur son dos. Nous avons été écoutés, mais c’est un combat de tous les jours. »
Après avoir fait le point sur la situation financière de l’Intercommunale, le bourgmestre souligne encore le déficit de 273.000 euros enregistré pour la MRS La Bouvière sur l’année 2020 et conclut son intervention: « Cela aurait pu être pire. On a continué à lui donner les moyens nécessaires pour prendre en charge les résidentes et résidents. Ce déficit devra être pris en charge par la Province et les communes. Vielsalm interviendra pour un montant de 90.000 euros. »
Jacques Gennen prend la parole : « Je reviens un instant sur la problématique Idelux pas pour continuer le débat, mais pour souhaiter une fois de plus qu’il y ait de la bonne information et la transparence la plus complète sur les mécanismes mis en œuvre et sur les objectifs poursuivis parce que, manifestement, ça n’a pas encore été bien compris.
Je pense que sur des sujets aussi complexes que de tels montages, vraiment, on n’en dit jamais assez et on n'explique jamais assez.
En ce qui concerne Vivalia, je rejoins vos informations et vos appréciations, Monsieur le bourgmestre.
Je suis évidemment déçu de la manière dont Vivalia a monté son dossier de bonne gouvernance concernant notamment le rôle à donner à l’actuel directeur général, avec à la clef, une décision partiellement remise en cause par le Ministre Collignon.
Il est vrai qu’il y a des éléments qui n’ont pas été critiqués par le ministre, mais j’ai lu attentivement l’arrêté ministériel qui annule la décision de Vivalia concernant la création du poste de conseiller stratégique que devait occuper l’actuel directeur général.
Je n’aurais jamais pu imaginer que dans l'organigramme présenté au ministre par Vivalia, un conseiller stratégique au rôle aussi important soit placé au niveau du conseil d'administration et ne rende des comptes qu'à ce dernier dans toute une série de dossiers, sans lien hiérarchique avec le directeur général. Cela n'est pas possible et c’est ce que le ministre n’a pas voulu.
Pour sortir de tout cela, c'est un peu la quadrature du cercle pour les responsables et les administrateurs et j’espère qu’ils y arriveront.
Encore un mot au sujet du changement à la tête de la présidence. Je veux saluer Marielle Remy qui a été une présidente très investie pendant deux ans et qui a finalement démissionné, fatiguée par les difficultés. J’en profite également pour saluer Yves Planchard qui a la carrure, au propre comme au figuré, pour assumer le mandat de président de Vivalia. »
Jacques Gennen poursuit son intervention : « Tout ce qu'on dit dans les journaux à propos de la bonne gouvernance et de cet arrêté ministériel ne fait en tout cas pas l’affaire du personnel. Quand on rencontre des membres du personnel, c'est sûr que l’on enregistre beaucoup de craintes quant à l'avenir de l'institution. Il faut y être particulièrement attentif.
(Photo MRS La Bouvière) Des mesures financières ont été prises en faveur du personnel et d'autres doivent être mises en place, mais on attend de voir les moyens que Vivalia va elle-même mettre en place pour augmenter significativement les rémunérations du personnel soignant.
Il faut aussi une meilleure communication interne vers le personnel soignant, un maillon humain indispensable à une bonne dispensation des soins.
Et, bien entendu, il faut qu'ils soient aussi bien considérés non seulement par la direction générale, mais aussi par les médecins-chefs de service parce que tout n’est pas toujours aussi beau qu’on peut le prétendre.
Il y a parfois un manque de considération que nous devons dénoncer et auquel il faut mettre fin. Yves Planchard compte en faire une de ses priorités. C’est nécessaire car cela n’a pas toujours été le cas, par le passé.
Enfin, pour la MRS, je précise tout de même que nous ne faisons pas partie, le bourgmestre et moi, de la cellule de crise (composée de la directrice, des infirmières en chef, de l’assistante sociale et du médecin coordinateur), qui prend par exemple les mesures de confinement et de déconfinement. C'est important de savoir qui fait quoi. »
François Rion enchaîne : « Tout est dit. En ce qui nous concerne, notre principale conclusion est qu’on arrive difficilement à comprendre pourquoi une intercommunale se rebiffe contre une décision ministérielle par un recours au Conseil d’État. C’est tout à fait inapproprié dans ce contexte. »
Élie Deblire : « C’est un groupe de travail présidé par l’ancienne présidente de Vivalia qui a préparé la décision prise par le conseil d’administration et partiellement annulée par le Ministre. Je n’en faisais pas partie.
Pour ce qui est de la communication, je trouve que la communication de Vivalia met bien en avant le rôle du personnel, notamment au travers de vidéos sur les réseaux sociaux, mais il faut sûrement encore en faire davantage. Pour Idélux, on communique régulièrement, via des communiqués de presse notamment. »
Au vote, le groupe Écolo vote négativement sur l'ordre du jour de l'assemblée générale de l'Intercommunale Vivalia. C’est un vote favorable pour Comm’Vous et la Majorité.