Conseil communal du 31 janvier 2022 : enjeux climatiques, convention des maires, CO2 et plan d'actions

Jérôme Derochette et Jacques Gennen

(Compte rendu publié dans le n°11 du mensuel Les Nouvelles de Salm, février 2022)

Cette première séance 2022 du conseil communal se tient toujours à la Salma Nova et elle comporte, vous allez le voir, quelques gros dossiers !

Enjeux climatiques, CO2, Convention des Maires et plan communal d’actions

Pour rappel, initiée en 2008, la Convention des Maires invite les communes d’Europe et leurs citoyens à s’engager, sur base volontaire, à réduire la consommation d’énergie, à diminuer les émissions de gaz à effet de serre et à produire de l’énergie renouvelable. Plus de 9000 villes et villages ont adhéré à cette convention !  

La présentation du plan d’actions est assurée par Monsieur Daniel Conrotte, chargé de mission dans les services provinciaux. Il précise que le plan d’actions est le fruit de la réflexion d’un groupe de travail. Il félicite le comité de pilotage pour le travail fourni et dit avoir été marqué par la demande citoyenne qui vise à entamer une réflexion sur l’avenir pour lutter contre le réchauffement climatique. 

Initialement, l’objectif de la Convention des Maires consistait à réduire de 40 % nos émissions de CO2 d’ici 2030. Un nouvel objectif a toutefois été fixé : - 55 % à l’horizon 2035. Il s’agit aussi de réduire la dépendance énergétique de notre territoire.  

« La clé, c’est évidemment la mobilisation citoyenne en prônant la sobriété énergétique et en encourageant l’implantation d’énergies renouvelables décentralisées », souligne Monsieur Conrotte. Il rappelle que le plan d’actions n’a pas de caractère contraignant : il n’y a pas de sanctions si les propositions ne sont pas atteintes. Il insiste : « Le PAEDC, le Plan d’Actions en faveur de l’Énergie Durable et du Climat, c’est la somme d’opportunités pour changer les choses. »  

À Vielsalm, de bons résultats déjà ! 

À Vielsalm, l’objectif de réduction des émissions de CO2 s’établit à 18.929 tonnes. À ce jour, notre commune a déjà réalisé ou programmé 68 % des 40 % initialement demandés par la Convention des Maires. « Attention à ne pas relâcher les efforts, indique cependant Monsieur Conrotte. Avec l’actualité et la flambée des prix de l’énergie, il faut appuyer sur l’accélérateur pour éviter des désillusions pour les Salmiens. » 

Sans surprise, c’est le logement qui est le plus émetteur en CO2. « La réduction des émissions au niveau des services communaux ne suffira pas à atteindre l’objectif. Ce sont les citoyens qui vont faire le résultat », assure le chargé de mission. 

Il y a évidemment des acquis. C’est le cas des panneaux photovoltaïques qui, entre 2006 et 2014, ont permis une réduction de 5.906 tonnes de CO2 en ce qui concerne le secteur du logement. 

Le chargé de mission décrit ensuite les différents types d’actions contenus dans le plan et ajoute : « Il doit être ambitieux tout en restant les pieds sur terre. Il n’y a pas d’actions utopiques ou à caractère pharaonique. » 

Une nouveauté fait en outre son apparition : il s’agit des mesures d’adaptation. Deux pistes sont au cœur de ce volet : l’agriculture (un secteur clé dans la lutte contre le réchauffement climatique) et l’eau (qui a déjà posé des difficultés par le passé). Ces mesures d’adaptation ont vocation à éviter des dommages pour le territoire et ses habitants, comme ce fut le cas lors des inondations estivales. 

In fine, le plan d’actions tel que présenté propose 54,7 % de réductions des émissions de CO2 (sans tenir compte des industries). « Si on intègre les cogénérations de votre magnifique zoning, on atteint -511 %, mais l’objectif n’est pas là, il faut plutôt impliquer les citoyens », précise Monsieur Conrotte. Tous les secteurs jouent évidemment un rôle. »  

Ainsi, dans l’agriculture, il y a la possibilité de faire des économies énergétiques et de produire des énergies renouvelables. L’industrie tertiaire peut également adhérer à ce plan dans la mesure où c’est une façon pour elle de promouvoir son activité dans la foulée.  

Si on se penche sur les contributions par secteurs, c’est donc le logement qui tient la tête du classement (46 %), puis l’industrie tertiaire (21 %) et enfin le transport (12 %). Entre 2007 et 2021, les économies ont donc essentiellement été opérées au niveau du logement et du secteur tertiaire. 

Monsieur Conrotte clôture sa présentation par une conclusion générale : « Vous êtes en bonne voie d’assurer votre transition énergétique et pour atteindre le résultat escompté au regard des chiffres présentés, mais l’actualité montrer la nécessité de redoubler d’efforts et d’attention. Je rappelle que ce plan d’actions est un premier jet. C’est un projet vivant. S’il est accepté, on rouvre le dossier et on peut prendre de nouvelles mesures. »  

Un débat bien intéressant ! 

Le bourgmestre Élie Deblire réagit : « Merci pour cette présentation qui donne une vision de l’évolution entre 2007 et 2021 tout en fixant le cap pour 2030. La mobilisation de chacun est nécessaire.  

La dynamique communale et l’exemplarité sont évidemment essentielles, mais les citoyens doivent contribuer de manière importante. L’idée, en l’état actuel, c’est d’informer, de sensibiliser, de créer des groupes pour avoir cette dynamique qui permettra aux citoyens d’apporter les changements nécessaires.

Il faut notamment démarrer avec notre jeunesse qui a soif de ce type de projets et nous montrera sans doute l’exemple à l’avenir. »  

François Rion prend la parole : « Si jamais je dois un jour écrire mes mémoires de conseiller communal, il y aura bien sûr un chapitre complet sur l’optimisme de Monsieur Conrotte. Dans le cadre du premier plan Pollec, il était déjà très optimiste.  

On croit rêver car tout a l’air de fonctionner si bien. Mais quand on aborde les différents défis environnementaux, on comprend qu’il va falloir penser de toute urgence de façon plus globale.  

Il y a évidemment le problème du CO2, mais il y a aussi la problématique des continents de plastique et la raréfaction des ressources. On est face à une muraille considérable de problèmes.  

Alors en abordant les bienfaits de notre zoning, vous avez en même temps parlé de l’eau, mais ça crée justement des problèmes. S’il y a une progression en matière d’émissions, mais que des problèmes liés à l’eau se créent en parallèle, c’est sans doute aussi grave. Résoudre un problème environnemental en en créant un autre, ça nous guette tous si on ne prend pas en compte toutes les jointures. » 

Le conseiller écolo poursuit : « De même, l’ADL soutient les commerces locaux, mais vous avez sans doute lu comme moi l’intervention de la bourgmestre de Plombières au sujet de l’installation d’Alibaba à Bierset.  

Tout ce qui est développé à petite échelle, même si on additionne tous ces petits projets et qu’on a l’impression que ça fait un gros tas de mesures, ce sont, comme cette dame l’explique, des actions dérisoires quand, au niveau du commerce local, un truc pareil s’implante et fout par terre toute une série de petites actions.

Il faut bien prendre conscience que ces petites actions, même s’il faut en saluer l’effort, sont dérisoires car le développement de ces grands projets sape les bonnes intentions.  

On a aussi fait la liaison entre les problèmes environnementaux et la voiture propre. On a pris des initiatives au niveau communal pour favoriser la voiture électrique, mais ça ne va pas résoudre tout un tas d’autres problèmes. Votre bel élan, il faut donc le tempérer.

Par ailleurs, vous évoquez l’élan citoyen qui est nécessaire à la bonne réalisation du plan d’actions. Mais combien de citoyens se sont portés candidats pour participer au groupe de travail ? Pouvez-vous me donner un chiffre ? »   

« Je n’ai pas le chiffre exact en tête, mais je dirais une petite dizaine », répond Monsieur Conrotte. 

François Rion : « Je ne crois pas ! Et, par ailleurs, il faut déjà retirer de ce nombre les mandataires. »  

Monsieur Conrotte : « Cela n’est pas plus mal qu’il n’y ait pas eu trop de monde. Les réunions à 30 autour de la table, ce n’est pas possible. Avoir 10 profils suffisamment variés permet de créer le plan d’actions mais, évidemment, pour la mise en œuvre, je compte sur vous pour “raccrocher les wagons”. On n’a jamais assez de bras. » 

François Rion : « Oui, mais comment mobiliser en se contentant de 5 citoyens ? » 

Monsieur Conrotte : « Beaucoup de vos citoyens ont déjà réalisé des actions. C’est même une tendance lourde en province du Luxembourg. Beaucoup de citoyens sont déjà passés à la biomasse pour se chauffer, par exemple : ils ont coupé le robinet à mazout. Ça se fait hors contrôle.  

Plein de choses se concrétisent sans que vous ayez à faire quoi que ce soit, mais avec ce plan d’actions, vous devenez un chef d’orchestre et vous proposez un cadre plus cohérent. » 

Élie Deblire intervient : « L’analyse macro que vous faites avec les océans de plastique ne doit pas nous empêcher d’agir au niveau local, Monsieur Rion. Vous avez dit que peu de citoyens se sont investis. C’est vrai, on a essayé de les mobiliser, mais à ce stade-ci, ce n’est pas trop grave. 

C’est surtout au stade de la sensibilisation qu’il faudra convaincre davantage. Nous étions douze autour de la table et il y a eu des discussions intéressantes. Je suis personnellement sorti enrichi d’une série d’idées. Nous allons tenter de mobiliser les gens qu’on sait mobiliser à l’échelle locale. Ne parlons pas de l’échelle régionale, nationale ou mondiale. »  

François Rion : « C’est l’habitude des municipalistes de dire qu’on n’a pas de prise sur l’océan de plastique ou Alibaba ou d’autres grands problèmes ; est-ce pour cela qu’il faut faire comme s’ils n’existaient pas ? »   

Élie Deblire précise que ce n’est pas ce qu’il a dit, mais qu’il faut avant tout réfléchir aux pistes d’actions locales. 

Monsieur Conrotte s’adresse à François Rion : « Le point commun de tous les plans d’actions, c’est la volonté d’aller plus large du point de vue environnemental, ce qui rejoint votre réflexion. C’est une mentalité à acquérir. Le plus tôt sera le mieux car c’est un ensemble de problèmes auxquels nous sommes effectivement confrontés. »  

François Rion : « C’était bien mon approche. Quand on développe des projets positifs ici, on constate que d’une façon générale, les choses s’aggravent d’année en année, jour après jour. » Mon propos est donc de tempérer la satisfaction des résultats obtenus. Ce qui est pris est pris, mais le danger est plus grand que jamais. C’est bien de l’avoir en tête, même au niveau communal. » 

Jacques Gennen s’exprime à son tour : « Merci, tout d’abord, Monsieur Conrotte pour votre intervention positive. C’est vrai qu’il ne faut pas réduire l’action climatique au niveau local et François Rion a très bien fait de restituer les enjeux au niveau mondial. 

Je ne souhaite pas qu’on fasse peser des actions sur les épaules des citoyens en oubliant quels sont les grands fauteurs de trouble sur le plan climatique. Mais comme l’a dit le bourgmestre, il faut agir chacun à son niveau. Sans oublier le reste pour autant !  

Vous avez effectivement dit grand bien de notre zoning, mais vous savez que ce n’est évidemment pas l’avis de beaucoup de ses voisins qui souffrent de ses nuisances. À ce sujet, vous avez omis, involontairement, j’imagine, ce que la pollution du charroi peut représenter en émissions de CO2. On loue les bénéfices, mais on oublie d’autres aspects environnementaux très négatifs.

Il faut donc envisager les choses de façon globale et non pas les saucissonner. Je suis évidemment favorable à toutes les actions conduites au niveau local. » 

Thibault Willem précise : « La pollution liée au transport du bois est déjà intégrée dans le calcul. C’est important de le rappeler. Il y a cependant des hypothèses de calcul dont on peut discuter. » 

Jacques Gennen : « Des hypothèses de calcul dont on peut encore discuter ? C’est bien de le reconnaître. Avançons donc tout en relativisant l’impact positif de ces cogénérations au zoning ! » 

(Les poids lourds envahissent toujours plus les rues de notre commune)

Anne Wanet poursuit avec une proposition : « Je voulais juste dire que, quand on voit la grosse part du budget qui pèse sur les citoyens, ce serait bien d’intégrer des groupes d’achats pour des panneaux photovoltaïques par exemple car les prix sont conséquents. »  

Monsieur Conrotte : « Vous avez raison et c’est prévu dans le plan. C’est une opportunité à créer. Il faut rappeler qu’on ne fait pas porter les efforts sur les citoyens. Les changements, ils les ont généralement faits par opportunité ou par nécessité. En créant des opportunités, on peut accélérer le mouvement. » 

François Rion : « Je tiens à rappeler que je suis surpris et déçu qu’il n’y ait pas plus de citoyens salmiens qui se soient mobilisés. Pourquoi, dans cette commune, n’y a-t-il pas une participation citoyenne plus développée, que ce soit pour ce groupe de travail ou pour d’autres organes comme la CLDR ? » 

Monsieur Conrotte : « Pour la mise en œuvre du plan, c’est très clair que le groupe va s’ouvrir. S’il y a des gens qui veulent s’intégrer pour aider à la manœuvre, ils sont les bienvenus. Je reviens également sur votre demande pour réfléchir sur la société de demain, une demande qui m’a réellement emballé. S’il vous plaît, venez avec ! » 

François Rion : « Oui, pourquoi pas ? Mais ce sera encore un politicien de plus ! » 

Stéphanie Heyden indique que la présentation du plan d’actions et la précision quant au fait que le groupe de travail peut et doit encore s’élargir, permettront peut-être d’intéresser des gens qui ne savent pas nécessairement ce qu’est la Convention des Maires ou un plan d’actions.  

Au vote, le plan d’actions proposé est voté à l’unanimité.  

Le budget 2022 du CPAS  

https://www.salmiens.be/vielsalm-au-conseil-communal-le-budget-2022-du-cpas 

ADL – Présentation du rapport d’activité, du budget et des comptes 

https://www.salmiens.be/vielsalm-conseil-communal-adl-agence-de-developpement-local-rapport-d-activite-budget-comptes 

Autres décisions notables 

- Approbation du budget 2022 de la fabrique d’église de Commanster.

- Maison du Parc. Approbation de la modification de la composition du comité d’attribution des logements tremplins.

- Installation de bornes de rechargement électrique. Approbation de la localisation des bornes et du recours à la centrale d’achats de l’intercommunale Idelux Projets Publics. 8 bornes seront donc réparties entre le parking de Grand-Halleux, le Hall des Doyards, la place de Regné et la place de Salm.

- Liaison douce entre Vielsalm et Grand-Halleux. Approbation du cahier des charges et du montant estimé modifiés du marché de travaux pour la création d’une liaison cyclable entre Vielsalm et Grand-Halleux. Le montant estimé modifié s’élève à 848.485,28 €. Thibault Willem précise : « Ce dossier a déjà été soumis au Conseil communal mais la tutelle a fait quelques remarques auxquelles les services ont répondu. Dès demain, on peut lancer la procédure de demandes de prix et attribuer rapidement les travaux à envisager durant l’été. »

- Liaison douce entre Vielsalm-Lierneux-Fraiture. Approbation de la fiche-projet relative à son aménagement et de l’introduction d’une demande de convention-exécution auprès du département Développement Rural du Service Public de Wallonie.

- Charroi communal. Approbation du cahier des charges et du montant estimé du marché de fournitures pour l’achat d’une camionnette plateau. Le montant estimé s’élève à 30.250,00 €. Thibault Willem précise : « Ça répond à un besoin. L’hybride et le totalement électrique sont des modèles qui ne sont pas encore assez performants. »

- Plan de Cohésion Sociale. Approbation de la convention de partenariat entre la Commune et l’ASBL AMO « L’Étincelle » dans le cadre du projet Espace-temps parentalité à destination des parents en situation de monoparentalité et octroi des subventions suivantes : 3.000 euros par an en 2022 et 2023 : 2.000 euros par an en 2024 et 2025.

-Rénovation des plaines de jeux. Approbation du cahier des charges. Thibault Willem explique : « On poursuit notre politique de rénovation. Différents modules seront installés à Salmchâteau, à l’ancienne école de Ville-du-Bois et au Pont des Perches pour un montant de 27.000 euros. »